Attaque à la Préfecture de police : une recherche Internet faite par Mickaël Harpon accrédite l’hypothèse terroriste
Cet élément a été mis au jour grâce aux premières exploitations d’un téléphone de l’auteur de l’attaque, qui était protégé par un mot de passe.
Le 3 octobre 2019, Mickaël Harpon, agent administratif de la Préfecture de police de Paris, a tué au couteau quatre de ses collègues dans l’enceinte même de l’institution. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Près de cinq mois après l’attentat commis le 3 octobre 2019 par Mickaël Harpon, employé à la direction du renseignement de la Préfecture de police, qui avait tué au couteau quatre de ses collègues avant d’être abattu, l’enquête progresse. L’un des téléphones de l’auteur présumé de la tuerie a commencé à parler.
Bien que l’exploitation de l’appareil n’en soit qu’à ses débuts, les enquêteurs ont déjà pu mettre au jour une recherche Internet « tuer des infidèles », effectuée par l’assaillant, une heure avant qu’il achète des couteaux et passe à l’acte.
Cette avancée, révélée mardi 25 février par Le Parisien et confirmée au Monde de source judiciaire, vient nourrir l’hypothèse d’un acte terroriste commis par cet homme alors âgé de 45 ans. Le téléphone de Mickaël Harpon n’avait pas pu être exploité jusqu’ici, les enquêteurs ne disposant pas de son code d’accès.
Dans le téléphone de son épouse, les policiers avaient auparavant retrouvé 33 SMS échangés avec le tueur le matin du drame, contenant des propos à connotation religieuse et se concluant par « Allah Akbar ». Au cours de l’enquête confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure, la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire et la Brigade criminelle, cette femme de 38 ans a affirmé qu’elle n’avait jamais eu connaissance du projet de son conjoint, décrivant simplement sa grande agitation la nuit précédant l’attaque.
Fragile psychologiquement
Après que le parquet national antiterroriste s’est saisi de l’affaire, celle-ci a été confiée à des juges d’instruction antiterroristes qui cherchent à déterminer les motivations de cet agent au profil complexe, converti à l’islam il y a une dizaine d’années et soupçonné de radicalisation. La personnalité de cet homme atteint de surdité et décrit comme fragile psychologiquement est au cœur des investigations.
L’attaque, dont le mode opératoire correspond aux appels récurrents du groupe Etat islamique à s’en prendre aux forces de l’ordre et aux représentants de l’Etat, n’avait pas été revendiquée par l’organisation terroriste.
Le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’intérieur, Laurent Nunez, est d’ailleurs resté prudent mercredi après la révélation des dernières avancées de l’information judiciaire. « De là à en conclure que c’est un acte terroriste, il faut que l’enquête se déroule et on verra ce que décideront les magistrats », a-t-il dit lors de son audition devant la commission d’enquête parlementaire chargée d’établir s’il y a eu des dysfonctionnements dans la prise en compte au sein de la Préfecture de police d’éventuels signes de sa radicalisation.
Vision radicale de l’islam
Le 5 octobre 2019, lors d’une conférence de presse, le procureur national antiterroriste, Jean-François Ricard, avait indiqué que Mickaël Harpon adhérait à une vision radicale de l’islam depuis quelques années. Il avait par ailleurs expliqué que ce dernier semblait avoir approuvé « certaines exactions commises au nom de cette religion » et manifesté « son souhait de ne plus avoir certains contacts avec des femmes ». Il avait également justifié « auprès d’un collègue de travail les attentats commis dans les locaux du journal Charlie Hebdo en 2015 ».
Jean-François Ricard avait par ailleurs précisé que l’intéressé avait adopté une tenue traditionnelle, délaissant ses habits occidentaux, pour se rendre à la mosquée et qu’il avait cessé de faire la bise aux femmes de son service. Le procureur avait également souligné sa fréquentation de personnes susceptibles d’appartenir à la mouvance salafiste.
Laisser un commentaire