Arrêté : La mairie de Decize interdit à ses habitants de tomber malades à cause de la crise des urgences

« Le meilleur moyen de soulager l’hôpital, c’est de ne pas tomber malade », avait déclaré l’inoubliable Jean Castex. Il a fait école. La mairie de Decize, une commune de 5 600 habitants de la Nièvre, a pris un arrêté stupéfiant : « Il est formellement interdit à tout habitant de tomber malade, sous peine de ne recevoir aucune prise en charge médicale en raison de la fermeture répétée des services d’urgences. » Une façon d’attirer l’attention des médias et du gouvernement sur les déserts médicaux.

La mairie de Decize, en réponse à la crise des urgences, a pris un arrêté interdisant à ses habitants de tomber malades.

« Je voulais interpeller en prenant cet arrêté ironique » a précisé l’édile qui l’a adressé à l’ensemble des maires de la Nièvre. Depuis, 47 communes ont promulgué le même texte.

Déserts médicaux dans la Nièvre et ailleurs

La Nièvre ne compte que 221 médecins pour 100 000 habitants, comme la Vendée et les Deux-Sèvres. Treize départements ont encore moins de médecins et forment donc une bonne partie des déserts médicaux. À titre de comparaison, toujours pour 100 000 habitants, les habitants de Paris ont 888 médecins, tandis que ceux de Mayotte n’en ont que 89.

Les urgences de l’hôpital du bourg de Décize « ont été placées en mode dégradé voire complètement fermées à 24 reprises depuis mars », explique la maire. Les urgences de l’hôpital de Nevers, à 40 minutes de voiture, ont été fermées une fois. « Il n’y avait alors aucun service d’urgences dans toute la Nièvre. » Un « pont aérien » a été mis en place en janvier 2023 afin d’amener depuis Dijon, une fois par semaine au moins, un maximum de huit médecins à l’hôpital de Nevers. Mais cela n’a pas suffi. En mars 2024, un collectif d’urgentistes de Nevers a averti que la sécurité des patients n’était « plus assurée », les urgences tournant avec 6 praticiens, alors qu’il en faudrait 27.

Les médias relaient l’appel au secours

Ils sont nombreux à relayer l’information : France TV Infos, Le quotidien du Médecin, le Quotidien du Pharmacien, Egora, Le JDC, BFM, La Dépêche, TF1 Infos, France3, France Bleue, Le Progrès, Sud Ouest, Le Huffpost, La République des Pyrénées… Le gouvernement ne peut l’ignorer.

Que propose le gouvernement ?

Plan d’accès aux soins en 2017, stratégie Ma Santé en 2022, le gouvernement aurait pris le problème au sérieux, mais… sans résultat.

Si on en croit les dernières déclarations de notre huitième ministre de la Santé de la Macronie, le gouvernement ne propose pas grand-chose de plus. À propos des urgences en difficulté cet été dans les Pyrénées-Orientales, Geneviève Darrieussecq a expliqué qu’il faut se débrouiller sans moyens : « Il faut construire une solution, avec les praticiens libéraux, pour décharger les urgences de patients qui n’ont rien à y faire et relèvent de la médecine générale ». Dans la Creuse, elle a rencontré les responsables du collectif Médecins Solidaires. Elle a promis de favoriser par des simplifications administratives et techniques ce qu’elle appelle une nouvelle façon de lutter contre les déserts médicaux. On a vu ce que cette méthode donne à Ménigoute, dont les trois médecins généralistes , partis en même temps, n’ont pas été remplacés pendant un an. À présent, un seul Médecin Solidaire vient une fois par semaine assurer les rendez-vous de 3 500 patients abandonnés à leur sort. C’est tout.

Une députée LFI a posé une question écrite à la ministre de la Santé le 5 novembre. Elle « demande à Mme la ministre quelles mesures le gouvernement compte prendre pour améliorer les conditions de travail du personnel hospitalier en particulier dans les territoires ruraux comme le Tarn, sujet à la désertification médicale ». « Alors que Mme la ministre s’est rendu le vendredi 11 octobre 2024 à l’inauguration du service des urgences de l’hôpital d’Albi, elle aurait déclaré que l’hôpital d’Albi “fonctionne bien, ce qui est rare”. Au-delà du mépris de ces propos qui banalisent les problèmes de l’hôpital public, il s’agit d’une profonde méconnaissance des enjeux et difficultés auxquels fait face l’hôpital d’Albi. » Qu’a répondu notre ministre de la Santé ?  Eh bien, pour l’instant elle n’a pas répondu.

De son côté, Emmanuel Macron, devant inaugurer un bâtiment du centre hospitalier de Reims le 28 septembre, a préféré assister à un combat de MMA (rappelez-vous : il s’y était fait copieusement insulter par le vainqueur). L’inauguration ayant été décalée au 5 octobre, mais… ce jour-là encore, il a préféré être ailleurs (au Sommet de la francophonie). La Santé des Français est-elle une priorité pour leur président ? Il semblerait que non. Lorsqu’il ne les emmerde pas, il les méprise. Ainsi, une douzaine de maires de la Nièvre, invités à l’Élysée le mercredi 22 novembre 2023, en ont gardé un souvenir plutôt mitigé. En effet, Macron était arrivé pour les recevoir avec une heure de retard…

A suivre.

Voici l’arrêté :

Arrêté de Justine GUYOT, Maire de Decize, Présidente du Conseil de surveillance du Centre Hospitalier de Decize, Vice-Présidente du Conseil départemental.

par Jacqueline

Source : Le Média en 4-4-2

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