Arnaud, policier en Ile-de-France, a connu « 17 suicides de collègues en 20 ans de carrière »

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Isolement, rythme de travail trop intense, heures supplémentaires… Neuf membres des forces de l’ordre se sont donné la mort en Ile-de-France depuis le début de l’année 2019.

Selon la Direction générale de la police nationale, « un policier se tue tous les 4 jours », portant à 24 le nombre de suicides dans les rangs des forces de l’ordre depuis le début de l’année 2019. L’Ile-de-France est particulièrement touchée: mardi, un gendarme de l’Essonne âgé de 37 ans et père de deux enfants s’est donné la mort, portant à 9 le nombre de suicides parmi les forces de l’ordre dans la région.

Arnaud est policier à Paris depuis le début des années 2000. Au cours de sa carrière, 17 de ses collègues se sont suicidés. Un geste qu’il explique d’abord par des conditions de travail harassantes. « Manque de reconnaissance qui perdure, management catastrophique, extrême fatigue et aucune remise en question de la part de notre hiérarchie », liste t-il au micro de BFM Paris.

« Il n’y a aucun management. On peut dénombrer au moins 23 millions d’heures supplémentaires impayées. Les policiers sont corvéables à souhait, ils ne sont pas rémunérés suffisamment et sur le terrain ils n’ont pas les moyens financiers et humains de se sécuriser correctement », appuie sur notre antenne Perrine Sallé, porte-parole des femmes de forces de l’ordre en colère. « Et d’ajouter: il n’y a pas non plus de suivi psychologique. Il n’est mis en place que lorsqu’un membre des forces de l’ordre se suicide. Il n’y a aucune anticipation. »

Un isolement des policiers

A cela s’ajoute un isolement et un déracinement des policiers, souvent affectés en Ile-de-France alors qu’un très grand nombre d’entre eux viennent de province. « Beaucoup de suicides pourraient être évités si on ménageait les fonctionnaires de police sur leur vie personnelle », assure Arnaud. « Quand vous êtes policier national, vous ne passez qu’un week-end sur six avec votre famille », rappelle Perrine Sallé. « On vit police, on mange police, on dort police. La police, c’est notre vie. »

Arnaud déplore néanmoins que le geste de ses collègues soit souvent « réduit » à ces « raisons personnelles ». « Ces causes personnelles existent uniquement à cause du contexte professionnel. C’est ce dernier qui fait que le fonctionnaire de police n’a pas de vie personnelle. »

« J’ai connu beaucoup de suicides dans ma carrière. On n’arrive plus à concilier vie privée et vie professionnelle et on a l’impression que tout part en vrille. Une dizaine de collègues sont passés à l’acte à cause de ça. 17 en tout, en vingt ans de carrière. C’est trop, beaucoup trop. »

Cyrielle Cabot
Source et Vidéo  : BFMTV

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