« Apprends-moi à Prier… »
Chers amis Lectrices et Lecteurs de Profession-Gendarme, aujourd’hui par cette publication j’aimerai sortir un peu de ma ligne éditoriale et vous donner pour un instant matière à réflexion et une vision différente du monde dans lequel nous vivons.
Puissent ces quelques lignes vous donner l’Espérance… Permettez moi d’y ajouter une citation que j’ai fait mienne :
« N’ayez pas peur de la Liberté, car si vous en avez peur, elle se détournera de vous. Aimez la et chérissez la » — Ronald Guillaumont
Un jour, un berger décida de descendre dans le village voisin pour y acheter des denrées dont il avait besoin pour ses troupeaux et pour lui-même.
À l’entrée du bourg, il fut très étonné de se retrouver dans une marée humaine dont il ne pouvait se dégager. Il voulut savoir ce qui se passait et on lui dit qu’un très grand Sage était là depuis quelques jours et qu’il donnait des enseignements sur la grande place du village, à l’abri du soleil sous le grand marronnier.
« Ah, dit le berger… Et qu’est-ce qu’il vous apprend ? »
Il nous apprend à être bons envers les autres, à toujours faire le bien autour de nous, il nous dit que Dieu est partout et surtout, il nous apprend à prier…
« Il vous apprend à Prier ? Mais qu’est-ce que ça veut dire ? »
Certaines personnes lui dirent qu’il devait réciter des prières mais ce berger ne savait pas lire et cela le peinât. Comment allait-il pouvoir devenir meilleur s’il n’apprenait pas à prier ? Au bout d’une heure, il atteignit le milieu de la place et sans trop comprendre comment, il se retrouva poussé devant ce grand Sage. Ce dernier était un homme d’âge mur, aux cheveux blancs et de qui émanait un rayonnement d’Amour impressionnant.
D’un regard particulièrement chaleureux, le grand sage s’adressa au berger et lui demanda ce qu’il souhaitait découvrir pour améliorer sa vie.
Décontenancé par le fait qu’il s’adressait à lui, et malgré sa très grande timidité, le berger s’approcha, s’agenouilla avec respect et lui dit :
« Je suis un simple berger et je voudrais que tu m’apprennes à prier… »
Le grand Sage fut très surpris par sa demande car depuis tant d’années, c’était la première fois qu’on lui faisait une telle requête. Alors, il lui demanda : « Mais pourquoi veux-tu que je t’apprenne à prier ? »
Alors le berger lui répondit :
« Quand je suis dans mes prés, là-haut dans la montagne, au milieu des fleurs et des insectes, face à la beauté de ces cimes enneigées, avec tous ces animaux qui courent sur les pentes ou à flancs de rocher, je me sens tellement heureux que j’aimerai beaucoup partager mon bonheur avec les autres. Mais pour se faire, je crois que ce serait bien mieux si je savais prier… »
« C’est pour cela que je te demande de m’apprendre à prier. »
Le grand sage le regarda mais au grand étonnement de la foule, il ne reprit pas la parole. D’un simple regard, il encouragea le berger à continuer…
« Quand le temps se gâte, que la pluie tombe en rafale et que les éclairs illuminent l’obscurité, alors mes brebis s’affolent et me réclament par de longs bêlements. Aussi, je sors rapidement de mon refuge et je cours les rejoindre dans la bergerie. Là, je me mets au milieu d’elles et je les réconforte par des paroles les plus douces que je puisse leurs murmurer tandis que mes mains leurs prodiguent de longues caresses. Alors blotties autour de moi, elles s’endorment en paix. Dans ces moments-là, je suis sûr que ce serait bien mieux si je savais prier… »
« C’est pour cela que je te demande de m’apprendre à prier. »
Sur l’immense place, un grand silence se fit tellement l’attention du grand Sage avait grandit face à ce berger que peu de personnes connaissait, un simple berger qui ne savait même pas prier…
Alors le berger reprit :
« Quand je suis dans les pâturages et que mes agneaux entendent les hurlements du loup, alors à tour de rôle, je les prends dans mes bras et je les rassure en leur expliquant que je les aime bien trop pour les laisser sans défense face à cette bête sauvage. Alors, quand je vois qu’ils ne tremblent plus, je les repose au sol mais je suis sûr que ce serait bien mieux si je savais prier… »
« C’est pour cela que je te demande de m’apprendre à prier. »
Devant le silence qui le mettait de plus en plus dans la gêne, le berger continua :
« Je suis venu dans ce village pour y faire quelques courses et je ne vais que dans les boutiques où je suis bien reçu. Beaucoup de gens plaisantent sur ma pauvre condition de berger mais d’autres me respectent et me donnent toujours un peu plus que ce dont j’ai normalement droit. Je ne sais jamais comment les remercier, je les regarde dans les yeux et je leur dis Merci du plus profond de mon Cœur, mais je suis sûr que ce serait bien mieux si je savais prier… »
« C’est pour cela que je te demande de m’apprendre à prier. »
Le grand Sage ne savait plus quoi dire, son attitude avait changé. Alors que cela faisait des heures qu’il était confortablement enfoncé dans son fauteuil, il venait de se redresser pour s’asseoir juste au bord.
De nouveau, le berger reprit sa requête :
« Des gens m’ont dit que pour prier, il fallait savoir lire dans les livres que l’on trouve dans les temples et dans les églises. Mais moi, je ne sais pas lire, je ne peux donc pas prier. Alors je me mets en retrait des autres, dans le calme. Je fais le vide dans ma tête pour ne plus penser à ma pauvre condition et au lieu d’admirer ceux qui savent prier, j’écoute mon corps, surtout mon Cœur. Je les remercie de me faire partager tant de bonheur, de me conserver en bonne santé et de me permettre de faire ce que je connais le mieux, m’occuper de mes bêtes. Mais je suis sûr que ce serait bien mieux si je savais prier… »
« C’est pour tout cela que je te demande de m’apprendre à prier. »
Alors le grand Sage se leva et s’approcha du berger. Il lui tendit la main, l’aida à se relever et lui dit :
« Berger, emmène-moi dans ta montagne,
Apprends-moi la beauté de la nature,
Apprends-moi à rassurer tes brebis,
Apprends-moi à protéger tes agneaux,
Apprends-moi à recevoir avec gratitude,
Berger, apprends-moi à prier comme tu le fais si bien… »
Le soleil commençait à descendre quand ils partirent côte à côte, le grand Sage et le simple berger sur le même chemin, dans une totale communion.
Ce jour-là, bien peu comprirent le véritable sens de la Prière. Ils reprirent aussitôt leurs livres et récitèrent des phrases qui ne résonnaient que dans les vieilles pierres de leurs temples ou de leurs églises, bien trop rarement dans leur cœur. »
Pierre Jouvel
via Anne-Marie Cope.
Pour clôturer cette publication je vous offre cette musique de mon pays :
Source : Youtube
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