Appel de détresse d’un gilet jaune se disant victime d’acharnement judiciaire exceptionnel, jugé le 3 octobre
Le cri du coeur d’un Gilet Jaune vendéen souffrant d’un acharnement judiciaire avec 174 heures passées au main des forces de l’ordre, … :
Je suis mobilisé depuis le 17 Novembre, comme beaucoup, sur les ronds points, car je ne supportais plus l’injustice. L’injustice que je subis, l’injustice dont je suis témoin, le recul de la démocratie dans notre pays, et le fait que toutes ces choses nous sont présentées comme normales.
On tente de nous faire accepter l’inacceptable.
Comme beaucoup, j’ai choisi de quitter le confort de mon foyer, de sacrifier ma famille, pour devenir acteur de mon destin, de notre destin à tous.
Avec un groupe de gilets jaunes de mon département, nous avons pris la décision d’agir car le gouvernement restait sourd à nos plaintes et à nos demandes.
Certains responsables politiques refusaient nos demandes d’entretien. Nous pensions encore naïvement à ce moment là que travailler à l’amélioration de nos conditions de vie faisait partie de leurs préoccupation.
L’une de nos actions consistait à occuper un péage et à laisser passer les gens gratuitement. Sachant que la privatisation des autoroutes a directement impacté notre pouvoir d’achat, car le prix des péages ne cesse d’augmenter. Des dividendes hallucinants sont reversés aux actionnaires comme d’habitude, nous sommes les vaches à lait…..
Cette action n’a entraîné aucun blessé, aucun accident, aucun dégât. Juste une perte financière pour ceux qui se gavent sur notre dos.
Je précise que toutes nos actions ont été menées sereinement, sans heurts, sans violences.
Suite à cela, j’ai été convié à l’assemblée nationale pour échanger avec un député. Comme quoi, parfois, il faut passer à l’action pour se faire entendre.
Pendant la durée du siège du péage, qui a duré près d’un mois, La « convergence Vendéenne » a été créée, organisant une réunion par semaine et débattant de la situation de notre pays et des mesures à mettre en place pour arranger les choses et sortir de cette crise en ayant accompli quelque chose qui contribuerait à améliorer les conditions de vies du plus grand nombre.
Lors de ces réunions, ont été décidées des actions locales, départementales et régionales. Décisions prises de façon collégiale.
Au cours du mois de Janvier, je n’ai pu assister à deux de ces réunions pour des raisons professionnelles (j’avais encore un travail à cette époque !)
Il a été décidé à la première réunion que j’ai manqué de mettre en place une action baptisée « Action Johnny » qui consistait à incendier des radars, tous les radars de Vendée, le même jour.
Je n’étais pas présent à la réunion, je n’ai pas participé au vote. Ma femme n’était pas présente non plus à ces réunions, elle était en revanche présente sur les lieux de l’action.
Je ne débattrais pas de la pertinence de cette idée, je sais juste que les personnes qui y ont participé étaient à bout, non considérées et vivaient des situations très difficiles.
Certains ont laissé leur téléphone chez moi ce soir là afin que les autorités ne puissent pas les « borner », c’est à dire, les situer sur les lieux de la dégradation.
J’ai été jugé pour ces faits, le juge considérant que j’avais fourni un alibi aux auteurs en gardant leurs téléphones, que j’étais à l’initiative de cette action car j’avais été à l’initiative de plusieurs autres, que j’étais coupables, plus que les autres car on m’entendais sur le terrain un peu plus que d’autres, que je faisais du bruit pour faire changer les choses, que je rencontrais des politiques, que je rencontrais différents groupes gilets jaunes… En bref, que j’étais dangereux pour le gouvernement qui comptait bien me faire taire.
La semaine suivante a eu lieu « l’opération Picasso » qui consistait à cacher certains mots sur les panneau « cédez le passage » devenait « cédez pas « , ce genre de choses, afin d’offrir plus de visibilité à nos messages.. Toujours pas de violences, c’était même plutôt gentil comme action en comparaison avec certaines autres….
Une dénonciation anonyme via les réseaux sociaux à entraîné une garde à vue le jeudi 31 janvier.
J’ai assumé tout seul alors que la police me mettait la pression pour que je donne les noms des gens impliqués sur tous le département. Ils étaient nombreux. J’ai subis, seul, et je ne regrette pas de n’avoir pas dénoncer.
A 18h le même jour, la garde à vue allait prendre fin, la cellule s’ouvre et deux gendarmes ‘qui se sont occupé de moi pendant la journée garde à vue, ainsi que trois personnes du PSIG m’ont menotté, enchaîné et jeté dans une voiture. J’ai été transféré à plus de 200 km/h, comme les terroristes. C’était assez hallucinant comme traitement.
On m’apprend alors que je suis a nouveau placé en garde à vue pour « association de malfaiteurs, crime en bandes organisé, dégradation par incendie » (les radars). Je suis désormais traité comme un parrain de la mafia, un terroriste, quelqu’un d’extrêmement dangereux. Moi qui travaille, et qui vit avec ma compagne et nos sept enfants.
Détenu pendant 108 heures (oui vous avez bien lu ! CENT HUIT HEURES DE GARDE A VUE !), je n’ai dénoncé personne. Ils ont placé mon épouse en garde à vue pendant 94 heures (extraordinaire quand on sait que les pédophiles y restent moins de 48 heures et sont relaxés dans la plupart des cas dans ce pays !) ainsi que quatre autres personnes entre 24 et 30 heures.
Nous passons en comparution immédiate avec mes cinq compères qui on assumé avoir brûlé les radars. Deux d’entre eux ont été condamnés à 8 mois avec sursis les trois autres à 6 mois avec sursis.
Et moi qui n’ai pas touché un radar, qui n’étais pas présent sur les lieux, qui étais chez moi, j’ai été condamné à 8 mois de prison dont 4 fermes. Je précise que pendant toute la durée de la garde à vue, les gendarmes me disaient que je partais au assises.
Cette garde à vue m’a fait perdre mon emploi, j’étais en CDI dans un hôtel restaurant. Normal, 108 heures de garde à vue.
Qui dit perte d’emploi, dit perte de revenus, donc accumulation de dettes, donc impossibilité de payer mon loyer, donc perte la maison. Je le précise à nouveau, j’ai sept enfants.
Le stress d’un traitement judiciaire, indigne et démesuré, des gendarmes qui me promettaient minimum trois ans de prison après un procès aux assises, la douleur de savoir sa femme morte d’inquiétude et ses enfants perturbés. Je n’ai rien fait. Rien qui justifie tout cela.
Depuis cette condamnation j’ai reçu des menaces de mort, mon épouse également. Des personnes ont fait un signalement aux services sociaux pour que nos enfants nous soient enlevés.
Fort heureusement, les accusations étant mensongères, les services compétents ont classé le dossier sans suite. Après trois mois d enquête tout de même. Trois mois de grand stress quand même, car vous pouvez comprendre que même si l’on sait que nous n’avons rien à nous reprocher, la perspective de se voir retirer ses enfants est terriblement bouleversante.
Certaines personnes mal intentionnées ont fait courir des rumeurs de délation me concernant. Si cela avait été vrai, je n’aurais probablement pas subi autant d’acharnement de la part de la « justice ». Pourtant le mal est fait. Certains on cru bon de s’en prendre à moi, de menacer ma famille, mes enfants.
Sans emploi, sans maison, sous la pression constante des autorités, nous avons dû quitter la Vendée .
Le procureur semble me porter un intérêt tout particulier.
J’ai échappé aux assises, mais ils ne m’ont jugé que pour les radars .
Aujourd’hui je suis convoqué le 3 octobre en correctionnelle pour les tags. Ce nouveau jugement risque de révoquer mon sursis et me rajouter une condamnation.
Je précise que de février a mai j’ai été convoqué quasiment une fois par semaine à la gendarmerie. J’avoue qu’à ce jour encore, je n’en ai pas compris la raison.
Le 3 octobre je risque de tout perdre: ma famille, mes enfants, ma liberté.
Oui, j’ai fait quelque tags. Mais le jugement des radars rend le contexte juridique défavorable et va faire révoquer le sursis dont la peine s’ajoutera à celle prononcée pour ces tags si dérisoires. Si dérisoires comparés aux difficultés quotidiennes que vivent des millions de français, si dérisoires en comparaison du décalage entre notre classe politique et nous, si dérisoire… Franchement, nous vivons dans un monde où des gens instruits trouvent normal d’envoyer un père de famille en prison pour quelques tags…. Notre société est malade. Et j’avoue que moi même je ne me sens pas très bien.
Pour ajouter à mon malheur, j’ai une fracture de la colonne vertébrale. Javais bien besoin de sa.
De plus, hier, nouvelle convocation en correctionnelle le 2 décembre ! Cela devient ridicule cet acharnement, judiciaire ? Politique ? Je ne sais plus très bien !
Je ne suis pas un leader gilet jaune, mais sur le plan judiciaire je suis traité comme tel.
Cette fois, je serai jugé pour avoir bloqué, enfin filtré, le Mac Do de Montaigu le 5 janvier 2018. Motif: « Entrave a la liberté de travail avec violence ». Une honte ! Il n’y jamais eu de violences.
Les gendarmes sont restés toute la journée avec nous. Nous n’avons fait qu’informer les gens sur les dérives de ce géant américain. Tout les participants se sont pris un rappel à la loi… sauf moi.
Je vais (encore) passer en correctionnelle !
Depuis le début du mouvement j’en suis à 174 h passées en gendarmerie.
Je subis une pression et un acharnement judiciaire exceptionnel. Je commence sincèrement à craquer et à avoir des idées noires
John Ferandin
Source : GJ Magazine
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