Alexandre Juving-Brunet à son tour sur la sellette…
Le capitaine de gendarmerie Alexandre Juving-Brunet est, semble-t-il, placé en détention provisoire à Toulon, du chef de tentative d’escroquerie en bande organisée. La Banque de France pourrait être à l’origine d’une enquête judiciaire autour du personnage qui a lancé le « franc libre ». De nombreux lecteurs m’ont demandé de m’exprimer sur le sujet : je donne ici quelques éléments d’informations sur cette affaire.
L’arrestation d’Alexandre Juving-Brunet a conduit des lecteurs à me demander de m’exprimer à la fois sur ce sujet et sur la question du franc libre, projet innovant de ce capitaine de gendarmerie, grâce auquel il aurait récolté, dit-on, plus d’un million €.
Depuis le début de cette épouvantable pandémie, je me tiens à une règle, qui est de ne jamais commenter le comportement de la “résistance”, dans un souci d’unité. Mais, comme certains d’entre vous me l’ont demandé, je m’exprime sur le franc libre et sur Alexandre Juving Brunet… tout en gardant mon “obligation de réserve”.
Une arrestation qui tient, pour l’instant, de la rumeur
Tout d’abord, et je voudrais souligner ce point, je suis intrigué par le mode opératoire utilisé pour révéler l’arrestation du capitaine Juving-Brunet (et je suis assez convaincu que lui-même non seulement doit partager mes interrogations, mais doit avoir la même idée que moi sur le circuit utilisé).
Pour l’instant, si cette procédure judiciaire est vraie, son secret a été violé et a permis à des informateurs de disséminer la rumeur. Initialement, c’est Mike Borowski qui a annoncé la garde à vue de l’intéressé, en en précisant les motifs. Borowski a ensuite annoncé le placement de Juving-Brunet en détention provisoire, avant que celle-ci ne soit aussi annoncée, avec force détails, par France Bleu.
Ce mode opératoire est bien connu, désormais : le secret de l’instruction est violé, et France Bleu est mis à contribution pour délayer une sauce diffusée préalablement en condensé dans la complosphère par des porte-voix bien tuyautés.
La question est de savoir qui fait passer le secret d’une garde à vue et de ses motifs du fin fond d’une gendarmerie de province jusqu’à Paris. Peut-être Mike Borowski pourrait-il l’expliquer.
Je considère pour ma part que ces relations sont malsaines, et je pense que c’est une erreur de s’adonner à ce petit jeu consistant à diffuser les éléments de langage fournis par le pouvoir. Moralement, j’ai toujours choisi de ne pas être instrumentalisé par les services Je ne relaie donc pas les bruits qu’ils font circuler. En l’état, tant qu’un communiqué officiel de la chancellerie ou tant que Juving- Brunet lui-même, ou ses proches, ne se seront pas exprimé, je répéterai inlassablement que, si cette détention est confirmée, seule la justice en connaît les vrais motifs et qu’aucune base factuelle sérieuse ne permet de les donner.
La question de la transparence revient en boomerang
Je veux donc souligner que, dans toute cette affaire, la transparence me paraît devoir être une boussole.
De façon transparente, pour ma part, je n’accorde aucun crédit aux murmures distillés depuis ce que je crois être un cabinet noir proche de l’Elysée. Et je ne considère pas qu’un papier fielleux de France Bleu soit une confirmation d’une rumeur qui circule dans la complosphère. Je suis d’ailleurs un peu étonné que certains médias de la résistance aient décrété que l’information donnée vendredi était officiellement confirmée par l’article de France Bleu. Je me demande ce qu’un résistant révèle de sa domination par la caste lorsqu’il dévoile la confiance qu’il porte à un article non sourcé donné par un site du service public.
Inversement, l’affaire Juving-Brunet n’existerait probablement pas si ce capitaine de gendarmerie avait lui aussi appliqué les principes de transparence. S’il est vrai qu’il a levé plus d’un million € auprès du public pour battre une nouvelle monnaie, où publie-t-il ses comptes et le détail de ses dépenses ?
Par exemple, depuis que Rester libre ! existe, j’ai publié plusieurs compte-rendus intermédiaires sur la trésorerie de l’association, qui n’a engagé aucune dépense au profit de ses animateurs. Le bilan annuel sera prochainement publié. Il me paraît indispensable que, même sur un budget de moins de 100.000€, chaque adhérent soit très fréquemment informé sur les dépenses qu’il a financées.
Je sais que certains, dans la résistance, fonctionnent à la bonne foi. J’ai toujours dit que c’était une erreur, et que nous nous devions d’être transparents. Je le répète aujourd’hui.
Sur le principe d’une monnaie alternative
Reste la question du franc-libre sur laquelle je voudrais dire quelques mots.
Sur le principe, l’initiative me paraît à la fois intéressante, courageuse, innovante. J’aime l’esprit d’entreprise, et Alexandre en a fait preuve dans cette affaire. C’est le côté sympathique du bonhomme Juving-Brunet qui s’est exprimé.
Ce projet audacieux, Juving-Brunet l’a mené à sa manière, avec ce qu’il est. Or, il se trouve que le Code Monétaire et Financier impose des règles très contraignantes sur l’appel à la générosité du public. Manifestement, le franc libre n’a pas été lancé en prenant des précautions suffisantes pour respecter la cadre légal en vigueur.
Je grogne très souvent contre les dispositions exorbitantes du code monétaire et financier qui protègent les grands acteurs financiers. Mais ces dispositions ont aussi le mérite de protéger l’épargne des particuliers. Je n’ai pas regardé de près ce qu’était le franc libre, mais j’imagine que tous ceux qui y ont contribué ont pris le temps de bien vérifier que le projet auquel ils souscrivaient répondait à des mesures prudentielles élémentaires.
Dans la pratique, je continue à penser que les résistants doivent s’épargner les querelles entre eux, et manifestent du bon sens en laissant le pouvoir le faire sans y participer.
Source : Le Courrier des stratèges
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