Affaire McKinsey. Campagnes d’Emmanuel Macron en 2017 et 2022 : enquêtes judiciaires sur le rôle des cabinets de conseil
Des juges d’instruction du parquet national financier (PNF) enquêtent sur le rôle des cabinets de conseil, notamment McKinsey, dans les campagnes présidentielles d’Emmanuel Macron en 2017 et 2022. Deux informations judiciaires ont été ouvertes fin octobre, l’une sur leurs « conditions d’intervention », l’autre sur des soupçons de « favoritisme ».
Source : Police & Réalité
Affaire McKinsey La justice enquête sur le rôle des cabinets de conseil lors des élections de 2017 et 2022
Après les nombreuses accusations qui ont visé Emmanuel Macron sur ses liens avec McKinsey, le parquet national financier a indiqué ce jeudi avoir ouvert fin octobre deux informations judiciaires portant sur l’intervention des cabinets de conseil dans les campagnes électorales de 2017 et 2022. Le chef de l’Etat, qui n’est pas nommé directement par le PNF, est protégé par son immunité pénale.
Par La rédaction avec AFP – Hier à 09:56 | mis à jour hier à 09:56 – Temps de lecture : 4 min
Les campagnes d’Emmanuel Macron et de ses adversaires de 2017 et 2022 dans le viseur de la justice. Le parquet national financier (PNF) a ouvert fin octobre deux informations judiciaires, l’une « sur les conditions d’intervention de cabinets de conseils dans les campagnes électorales de 2017 et 2022 », l’autre sur des soupçons de « favoritisme » les concernant, a indiqué dans un communiqué ce jeudi le procureur de la République financier Jean-François Bohner.
Pendant la dernière campagne présidentielle, un rapport du Sénat avait suscité de vives polémiques sur l’utilisation des fonds publics et l’opposition avait réclamé une enquête sur un possible favoritisme de la majorité macroniste au profit du cabinet de conseil McKinsey. L’Elysée a réagi en affirmant qu’il revenait à la justice d’enquêter « en toute indépendance ».
Plusieurs plaintes d’élus et d’associations
Le PNF a publié ce communiqué de ce jeudi après la parution d’un article du Parisien, pour« clarifier la situation de différentes procédures pénales » initiées après le rapport du Sénat ainsi que divers plaintes et signalements. Le parquet y a précisé que « suite à plusieurs signalements et plaintes d’élus et de particuliers, une information judiciaire a été ouverte le 20 octobre 2022, notamment des chefs de tenue non conforme de comptes de campagne et minoration d’éléments comptables dans un compte de campagne, portant sur les conditions d’intervention de cabinets de conseils dans les campagnes électorales de 2017 et 2022 », ne mentionnant donc pas directement les campagnes d’Emmanuel Macron. Le ministère public a en outre ajouté que « suite à plusieurs plaintes d’élus et d’associations, une information judiciaire a été ouverte le 21 octobre 2022 des chefs de favoritisme et recel de favoritisme ».
Pour Jordan Bardella, « Macron a confié la France à des liquidateurs »
Le président du RN Jordan Bardella a estimé vendredi qu’« Emmanuel Macron a confié la France à des liquidateurs », sans toutefois remettre en cause l’immunité du chef de l’Etat. « Emmanuel Macron a confié la France à des liquidateurs, à des prédateurs d’en haut et à des prédateurs d’en bas », a déclaré Jordan Bardella sur franceinfo, ajoutant que les cabinets de conseils mis en cause « ne travaillent pas dans l’intérêt de la nation française et du peuple français ».
Publié le 16 mars, le rapport de la commission d’enquête du Sénat sur l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques, initié par le petit groupe CRCE à majorité communiste, assurait que les contrats passés entre l’Etat et plusieurs cabinets avaient « plus que doublé » entre 2018 et 2021, pour un montant record de plus de 1 milliard d’euros en 2021. L’opposition avait réclamé dans la foulée l’ouverture d’une enquête sur ce qu’elle a dénoncé comme le favoritisme dont la majorité macroniste ferait preuve au profit de McKinsey.
Selon Mediapart, certains membres du cabinet auraient pu œuvrer gratuitement pendant la campagne présidentielle victorieuse d’Emmanuel Macron en 2017. Le rapport sénatorial pointait aussi un possible montage fiscal des entités françaises de McKinsey, qui leur aurait permis de ne verser aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020.
Dans son communiqué, Jean-François Bohnert a rappelé qu’une enquête préliminaire était déjà en cours depuis le 31 mars pour « blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravé ». Elle a donné lieu à une perquisition au siège français de McKinsey le 24 mai.
« Qu’ils aillent au pénal »
Alors candidat, Emmanuel Macron avait estimé que le non-paiement de l’impôt sur les sociétés par McKinsey s’expliquait par les règles fiscales en vigueur. « S’il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal », avait-il lancé en mars dernier.
Le chef de l’Etat est protégé par son immunité pénale, prévue à l’article 67 de la Constitution. Selon cet article de la loi suprême, il « ne peut, durant son mandat et devant aucune juridiction ou autorité administrative française, être requis de témoigner non plus que faire l’objet d’une action, d’un acte d’information, d’instruction ou de poursuite ». Si les magistrats instructeurs devaient estimer qu’Emmanuel Macron doit s’expliquer sur ces questions, ils pourraient le convoquer à la fin de son second mandat à l’Elysée, et seulement sur les actes qui n’ont pas été commis dans l’exercice de ses fonctions de président.
Source : Le Dauphiné
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