Affaire Bétharram : le gendarme dit que Bayrou avait connaissance des faits impliquant Carricart
10 avr. 2025 #LCP#assembleenationale#Bétharram Alain Hontangs, ancien enquêteur de la gendarmerie, confirme devant la commission d’enquête « l’intervention » de l’actuel Premier ministre auprès de la « section de recherche » pendant l’enquête sur l’affaire Pierre Silviet-Carricart, en 1998. Le gendarme affirme ne « pas être le seul à savoir » et confie aux députés le nom d’un ancien collègue, Robert Matrassou
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LE GENDARME CHARGÉ DE LA 1ERE ENQUÊTE À BÉTHARRAM DIT QUE BAYROU EST INTERVENU DANS LA PROCÉDURE
10 avr. 2025 Alain Hontangs est un ancien gendarme de la Section de recherches de Pau. En 1998, c’est lui qui est chargé de l’enquête sur le père Carricart, directeur de Bétharram et accusé de viols sur des élèves de l’établissements. M. Hontangs était auditionné ce jeudi 10 avril par notre commission d’enquête sur les modalités du contrôle par l’État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires. Il affirme entre autres qu’à l’époque, François Bayrou est intervenu dans la procédure judiciaire. Écoutez son témoignage.
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Affaire Bétharram : le gendarme en charge de l’enquête en 1998 maintient ses propos sur François Bayrou

Alain Hontangs est un ancien gendarme. C’est lui qui était en charge de l’enquête sur les violences sexuelles à Notre-Dame de Betharram à la fin des années 90. Il maintient avoir été informé que François Bayrou était intervenu auprès du procureur général par le juge Mirande. Ce dernier assure n’avoir aucun souvenir de cet échange.
Le Premier ministre François Bayrou est-il intervenu personnellement dans le dossier des victimes de Notre-Dame de Betharram ? Ces derniers mois, les plaintes pour violences, attouchements et viols se multiplient à l’encontre des responsables de ce prestigieux établissement catholique béarnais.
Certains faits dénoncés remontent aux années 60. Mais les premières plaintes officielles ont été déposées à la fin des années 90, à l’encontre, notamment, du père Carricart.
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Ce père directeur de Bétharram à la fin des années 70 et au début des années 90 a été visé par des accusations de viol en 1998, par un élève. Ce dimanche, dans l’émission 7 à 8 sur TF1, Alain Hontangs, ancien gendarme chargé de l’enquête à l’époque, a déclaré avoir eu connaissance d’une intervention de François Bayrou, auprès du procureur général. L’actuel Premier ministre était à l’époque président du Conseil général et ancien ministre de l’Éducation nationale. Plusieurs de ses enfants ont fréquenté l’institution.
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« J’ai été surpris »
Des propos qu’il a confirmé ce 17 février, auprès de France 3 Aquitaine. Les faits remontent au 28 mai 1998. Ce jour-là, Alain Hontangs met fin à la garde à vue du père Carricart et doit le présenter au juge Christian Mirande, en charge de l’instruction. « Le juge Mirande m’a dit, Hontangs, vous me présentez Carricart à 14 heures. Donc, je conduis Carricart au palais de Justice, maintient l’ancien gendarme. A mon arrivée, monsieur Mirande m’attendait devant les deux portes de son bureau« .
Il me dit, M. Hontangs, la présentation va être repoussée parce que le procureur général demande à voir le dossier après avoir été contacté, je ne sais de quelle façon, par M. Bayrou.
Alain Hontangs Ancien gendarme
Vingt-sept ans plus tard, l’ancien policier se souvient de son étonnement à l’époque. « J’avais fait un certain nombre de présentations, on ne m’a jamais dit, avant la présentation, que le procureur général veut voir le dossier. Donc, oui, j’ai été surpris. C’était la première fois et l’unique fois en vingt ans de Section de recherche. » L’ancien gendarme se souvient ensuite avoir attendu « jusqu’à 16 heures, 16 heures 30 » dans le couloir, avant que le juge Mirande lui indique qu’ils allaient commencer l’interrogatoire de première comparution. « Il m’a dit : ‘le procureur général me dit de prendre les décisions que j’estimerai nécessaires de prendre’. C’était donc tout à fait clair : il laissait la mainmise au juge d’instruction« , estime Alain Hontangs.
« Je n’en ai aucun souvenir »
Le juge Mirande n’a pas oublié ce jour où le père Carricart a été déferré. « Hontangs m’a présenté Carricart dans le cadre de la commission rogatoire, l’information judiciaire avait déjà été ouverte dans mon cabinet« , confirme-t-il.
Les gendarmes ont fait venir le jeune garçon de Bordeaux, et sont allés eux-mêmes le chercher à la gare de Pau. Et ils l’ont confronté à Carricart.
Christian Mirande Ancien juge d’instruction
« C’est à la suite de cet acte qu’ils m’ont amené Carricart pour être inculpé et mis en détention« , poursuit l’ancien juge.

« Je ne conteste pas ce qu’a déclaré Hontangs, mais je ne l’ai pas gardé en mémoire » , estime le juge Christian Mirande • © MARC ZIRNHELD / MAXPPP
Pour autant, ses souvenirs ne se font pas aussi précis sur une éventuelle implication de François Bayrou. « Je ne conteste pas ce qu’a déclaré Hontangs, mais je ne l’ai pas gardé en mémoire« , nuance l’ancien juge Christian Mirande, joint ce 17 février par France 3 Aquitaine. Je me suis creusé la tête, et je n’en ai vraiment aucun souvenir ». L’homme se souvient, en revanche, d’une visite de François Bayrou dans son bureau, une fois le père Carricart en détention provisoire. “Il m’a rencontré parce qu’il était inquiet, sachant qu’il avait un de ses enfants dans l’institution. Il voulait savoir ce qu’il en était”, nous précisait le juge le 5 février. Tout en assurant qu’à cette occasion, l’ancien ministre de l’Éducation nationale n’avait « jamais exercé de pression sur [lui]”.
Ce lundi 17 février, au lendemain de la diffusion de l’émission 7 à 8, l’ancien juge d’instruction et l’ancien gendarme se sont appelés. « Je lui ai demandé de me rafraîchir la mémoire, il m’a confirmé ce qu’il a dit« , explique Christian Mirande, qui avait conservé le souvenir d’un enquêteur « de grande qualité« .
Christian Mirande s’interroge désormais sur le procédé décrit par Alain Hontangs. « C’est dans le rôle du procureur général de demander communication du dossier dans une affaire comme celle-ci . Mais il ne demande pas le dossier au juge. Il le demande au procureur de la République qui est son subordonné hiérarchique« , précise-t-il.
Treize jours de détention provisoire
Une fois placé en détention provisoire, le père Carricart formule une demande de remise en liberté. « Une demande que j’ai évidemment refusée« , souligne Christian Mirande.
Le religieux fait immédiatement appel auprès la chambre d’accusation, composée de trois magistrats du siège, de la cour d’appel et du substitut général représentant le parquet général. Il sera libéré le 9 juin 1998, après treize jours de détention. « J’ai un souvenir très précis en revanche, parce que ça m’a marqué, c’est la motivation de la Chambre d’accusation : ‘ attendu que le maintien en détention n’est plus nécessaire à la poursuite de l’information’ « , rappelle Christian Mirande.
Ce qui était une aberration, parce que les investigations se poursuivaient, et qu’il ne pouvait pas y avoir d’interférences dans le cadre de la commission rogatoire.
Christian Mirande Ancien juge d’instruction

Me Jean-François Blanco a demandé l’ouverture d’une enquête pour « entrave à la justice » • © QUENTIN TOP / HANS LUCAS
Demande d’ouverture d’enquête pour entrave à la justice
Dans la foulée, le père Carricart s’enfuit au Vatican. Il est porté disparu en janvier 2000, alors qu’il est visé par de nouvelles accusations émanant d’un autre enfant scolarisé à Bétharram. Son corps sera repêché dans le Tibre un mois plus tard.
Interviewé par Sud ouest ce 17 février, François Bayrou a démenti avoir appelé le procureur général. « Il n’y a jamais eu d’intervention de ma part, auprès de quiconque ni sur cette affaire ni sur aucune autre, a-t-il insisté, avant de dénoncer des scandales sans aucun fondement, pour créer le chaos« .
Me Jean-François Blanco, avocat et élu municipal d’opposition à la ville de Pau, dont François Bayrou est maire, a demandé l’ouverture d’une enquête pour « entrave à la justice ». Me Blanco, qui représentait, en 1996, le premier élève de Betharram à avoir porté plainte pour une violente claque reçue d’un surveillant, souhaiterait aussi que les conditions de la fuite du père Carricart au Vatican soient éclaircies.
Source : France TV Info
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