Affaire Benalla: Philippe estime «incompréhensibles» et «souvent injustes» les conclusions du Sénat
REACTION Mercredi, lors de la présentation de ses conclusions sur l’affaire Benalla, la commission d’enquête sénatoriale a dénoncé une série de « dysfonctionnements majeurs » à l’Elysée
Edouard Philippe à Matignon, le 18 janvier 2019. — AFP
Après les conclusions du Sénat sur l’affaire Benalla, ce mercredi, Edouard Philippe, le Premier ministre, a dénoncé, ce jeudi, les conclusions « incompréhensibles et souvent injustes » de la commission d’enquête sénatoriale. Le chef de file du gouvernement a estimé, dans une déclaration faite sur le perron de Matignon, que le Sénat s’était livré à « une appréciation très politique ».
Il a semblé mettre en cause le respect par la commission d’enquête du Sénat de la « séparation des pouvoirs » législatif et exécutif, se disant « un peu surpris car, traditionnellement, la séparation des pouvoirs, fait qu’il n’appartient pas ni à l’Assemblée nationale, ni au Sénat de se prononcer sur l’organisation interne de la présidence de la République ». Il a jugé « incompréhensibles et souvent injustes » les « recommandations ou formulations » de la commission concernant « des fonctionnaires qui travaillent auprès du président de la République ».
« Une appréciation qui est très politique »
« Je peux témoigner de ce que le secrétaire général de l’Élysée (Alexis Kohler) notamment est un grand serviteur de l’État », a-t-il souligné, avant de préciser : « C’est la raison pour laquelle je ne saisis pas très bien la portée de ces remarques. » Outre Alexis Kohler, le Sénat a mis nommément en cause le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, et le général de brigade de gendarmerie, Lionel Lavergne, qui commande le Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR).
Insistant en outre sur « le principe de séparation des pouvoirs », Edouard Philippe a noté qu’« en la matière, la commission d’enquête sénatoriale du Sénat et le Sénat ont choisi de se livrer à une appréciation qui est très politique ». « Je n’en suis pas surpris, mais comme j’ai un attachement très vif et très grand au principe de séparation des pouvoirs, j’en suis un peu déçu », a-t-il souligné.
« L’exécutif, le Parlement doivent respecter l’indépendance du pouvoir judiciaire »
Evoquant le travail de la justice « saisie de cette affaire qui part d’une dérive personnelle », il a aussi remarqué que la séparation des pouvoirs, « là encore, implique que le Parlement ou le gouvernement ne se saisissent pas du fonctionnement interne ou du déroulement interne d’une procédure judiciaire ».
« J’observe avec beaucoup de rigueur ce principe, je crois que chacun peut l’observer : l’exécutif, le Parlement, doivent respecter l’indépendance du pouvoir judiciaire », a-t-il insisté, alors que les sénateurs ont demandé au Bureau du Sénat de saisir le ministère public de ce qui pourrait constituer, selon eux, des « faux témoignages » d’Alexandre Benalla et son ami Vincent Crase devant eux. La ministre de la Justice, Nicolas Belloubet, a déploré mercredi que « beaucoup des préconisations concernent l’organisation interne de l’Élysée », selon elle en contradiction avec ce principe.
Source : 20 Minutes
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