Affaire Benalla : ce qu’a révélé Ismaël Emelien lors de son audition
Les images, obtenues illégalement, de l’étudiant molestant des policiers le 1er mai auraient été diffusées par un salarié de LREM, selon « Le Monde ».
Après plusieurs mois d’enquête, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a enfin débusqué le propriétaire du compte Twitter @FrenchPolitic, maillon essentiel de la tentaculaire affaire Benalla. Si l’internaute était la cible d’une telle traque 2.0, c’est qu’il avait diffusé illégalement sur les réseaux sociaux, le 19 juillet 2018, des images de vidéosurveillance montrant le désormais fameux couple de la place de la Contrescarpe lancer des projectiles à l’endroit des forces de l’ordre, en marge de la manifestation du 1er mai.
Derrière ce compte anonyme se cacherait Pierre Le Texier, salarié de La République en marche (LREM), révèlent nos confrères du Monde, vendredi 8 mars. Le but de cette diffusion ? Défendre Alexandre Benalla, qui s’affiche alors en une de tous les journaux pour avoir molesté le couple en se faisant passer pour un policier. « OK, même si c’était pas à #AlexandreBenalla de le faire, ne faisons pas passer cet étudiant pour un garçon bien sous tout rapport. C’était un individu violent qui était venu sciemment place de la Contrescarpe pour casser du flic », assène @FrenchPolitic en légende de ces images.
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Avant de finir en possession de Pierre Le Texier, ancien communicant numérique de la mairie du 18e arrondissement de Paris, la vidéo a eu un long parcours. Elle a d’abord été extraite par des fonctionnaires de police qui l’ont transmise à Alexandre Benalla. Ismaël Emelien, conseiller spécial d’Emmanuel Macron, s’est ensuite occupé d’organiser la diffusion de la vidéo sur les réseaux sociaux. C’est ici qu’intervient le salarié de LREM.
L’identité de Le Texier révélée par Emelien
Les enquêteurs ont tout fait pour débusquer leur homme. Le 31 juillet, les limiers somment le siège étasunien de Twitter de leur livrer l’identité de l’utilisateur. En vain. En guise de réponse, le réseau social les invite en effet à saisir la justice américaine via une demande d’entraide pénale internationale. Deuxième déconvenue : les magistrats assurent que Twitter ne dispose plus de données sur ce compte supprimé sept mois auparavant, explique le quotidien.
Les policiers parviendront à leurs fins grâce à un autre moyen. C’est en effet Ismaël Emelien qui leur révélera, le 16 janvier, l’identité du Twittos. Les enquêteurs procèdent à son audition dès le lendemain. « Il m’appelle sur mon mobile [le 19 juillet 2018, NDLR] afin de m’informer qu’il allait m’envoyer une vidéo. Il me demande de la diffuser sur les réseaux sociaux », explique l’homme de 35 ans, assurant aux hommes en uniformes que, à ce moment-là, il ne sait pas d’où provient la vidéo. « Il ne s’agissait pas d’assurer la défense personnelle de M. Benalla, mais celle de l’Élysée et du président de la République, qui étaient pris à partie dans cette crise », a révélé l’ex-conseiller de l’Élysée aux enquêteurs selon Le Monde.
« Deux ou trois heures » après avoir diffusé les images de vidéosurveillance sur @FrenchPolitic – et non sur son compte personnel –, Pierre Le Texier reçoit un appel d’Ismaël Emelien, « pris d’un doute », qui lui intime l’ordre de supprimer la vidéo fissa, sans autre explication. Le salarié de LREM s’exécute. Mais c’est sans compter sur la curiosité des internautes, qui, le 26 juillet, déterrent le document embarrassant. Mediapart s’empare alors de l’affaire et révèle son existence. Début d’une énième polémique dont la Macronie se serait bien passée.
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