À Brest, un policier soupçonné de tags provocateurs à Pontanézen
Une enquête administrative a été ouverte par les services de police du Finistère au sujet d’un agent de la brigade anticriminalité (Bac) de Brest. Il est soupçonné de s’être livré à un tag provocateur dans le quartier de Pontanézen.
L’information a été révélée par le site le point.fr, mercredi soir. Comme nous l’a confirmé ce jeudi 19 mai le commandant Nicolas Hoarau, commissaire central de Brest, une enquête administrative, menée par les services de police du Finistère, a été ouverte au sujet d’un tag provocateur découvert dans le quartier sensible de Pontanézen, et qui pourrait être l’œuvre d’un fonctionnaire de police.
Selon nos informations, le policier en question serait un chef de Bac (brigade anticriminalité). Le 23 décembre dernier, lors d’une patrouille, il aurait tagué sur un mur du quartier de Pontanézen « Getoar Nike Ponta ». Une formule énigmatique, qu’un policier brestois nous décrypte : « Getoar est le surnom d’un caïd du quartier, dans le top 3 de la cité, en termes de délinquance. Le message est une provocation, semblant dire qu’il est passé à l’ennemi ».
Une photo prise sur le vif
Quelques jours plus tard, une nouvelle inscription apparaît sous le tag en question : « La Bordure ». Nouvelle traduction : « La limite est franchie ». Comme si l’origine du premier tag avait été identifiée. Car, rapidement, une photo circule : elle montre un homme, de dos, en train d’écrire le premier message. Et laisse apercevoir son arme de service et son gilet pare-balles.
Selon un agent de police, ce tag pourrait être à l’origine de la flambée de violences qui a saisi le quartier de Pontanézen, début janvier 2022. À la suite d’un contrôle d’identité, dans le cadre d’une opération de lutte contre les stupéfiants, des policiers avaient été la cible de tirs de mortiers d’artifice. Et, quelques jours plus tard, c’est un tramway et des effectifs de pompiers qui avaient été ciblés.
« Des contrôles, il y en a à Ponta. Mais, ce jour-là, ils avaient, bizarrement, un stock de mortiers prêts à l’emploi à disposition », évoque ce policier, qui assure qu’une offre de 5 000 euros, contre l’identité du tagueur, aurait circulé en début d’année.
Pour mémoire, ces événements de la fin janvier avaient conduit le préfet du Finistère, Philippe Mahé, à présenter une série d’actions d’urgence, dont l’accélération de la création d’une Bac de jour à Brest et de l’installation de caméras à Pontanézen.À lire sur le sujet Notre dossier : La spirale de la violence à Pontanézen
Une enquête administrative en interne
C’est une source interne à la police qui aurait fait remonter la photo compromettante jusqu’au bureau du directeur de la sécurité publique du Finistère, débouchant finalement sur une enquête administrative, ouverte en interne, début mai. L’auteur présumé du tag a été détaché dans un autre service dans le département, à sa demande, le temps de l’enquête.
Pour l’heure, l’Inspection générale de la Police nationale n’aurait pas été saisie de l’affaire. Le parquet de Brest, qui n’a pas répondu à nos sollicitations ce jeudi, n’aurait pas non plus ouvert d’instruction judiciaire. « Il faudrait que le caïd vienne porter plainte pour outrage public », ironise un observateur.
Crainte de répercussions sur le terrain
En attendant, nos témoins décrivent une forme de « malaise » au sein de la police brestoise, face un geste jugé incompréhensible. Ils craignent également de voir ces révélations rallumer des braises qui couvent toujours dans le quartier de Pontanézen, après un hiver où les effectifs ont été particulièrement sollicités et au moment où la cité a retrouvé son calme.
Les syndicats de police, invités à commenter cette affaire, n’ont pas caché leur embarras, à quelques mois des élections professionnelles. « On préfère attirer l’attention sur le bon comportement de la quasi-totalité des policiers brestois, qui font un super travail et risquent de pâtir d’un comportement individuel déviant », nous répond-on chez Alliance, quand Unité SGP Police se refuse à tout commentaire « sur une affaire pour laquelle une enquête est en cours ».
Source : Le Télégramme
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