À Brest, il raconte son agression après avoir voulu faire cesser un rodéo urbain [Vidéo]
À Brest, quartier Bellevue, un homme roué de coups pour avoir voulu mettre fin au rodéo urbain
Dimanche, il a été frappé d’un coup de couteau à la fesse et a essuyé des coups de batte de base-ball. Son crime ? Avoir reproché à des jeunes leurs rodéos urbains.
« Ils étaient deux, un sur une moto de cross et l’autre sur une petite moto. Sans casque ni immatriculation. Il y a des rodéos peut-être trois fois par semaine dans le quartier. Là, ils passaient sous mes fenêtres. C’est très bruyant et c’est dangereux, avec le jardin d’enfants en plus… J’en ai eu assez. Je suis sorti de chez moi pour leur demander d’arrêter. Cela ne leur a pas plu. Ils sont revenus, ils étaient une vingtaine d’adolescents ».
Sylvain Gaillard, un militaire de la Marine nationale, âgé de 30 ans, a accepté de raconter, ce lundi 17 avril 2023, ce qui lui est arrivé la veille, vers 16 h 40, devant chez lui, rue Francis-Garnier à Kergoat à Brest, entre la cité U et la Penfeld. Son œil rouge ceint d’un coquart, ses bleus, sa plaie au crâne témoignent des coups qu’il a reçus. Il a aussi été blessé au couteau, à la fesse. La police et les pompiers sont intervenus. Il a été transporté à l’hôpital, d’où il est sorti dans la soirée.
Sous les yeux d’enfants
Des témoins, dont des enfants, ont assisté à la scène, depuis la rue ou chez eux. Sans savoir comment cela a commencé, ils décrivent, effectivement, l’arrivée hâtive de quinze à vingt jeunes, les coups de barre ou de batte de base-ball. Et confirment les rodéos réguliers. Un jeune homme, lui, estime que, « dans les quartiers, il y aura toujours des rodéos. Parce qu’on s’amuse ! Mais je ne cautionne pas les violences. Et beaucoup vous diront la même chose ».
« Le maire ne veut pas mettre de caméras dans les quartiers et quand on appelle la police, elle ne vient pas, en indiquant un manque d’effectif », assure Sylvain Gaillard. « Pourtant, en 2017, rappelle le militaire, arrivé à Brest il y a quelques mois, des habitants de Bellevue ont bloqué un rond-point », rue de Tarente, à quelques centaines de mètres, « pour protester contre les rodéos ».
Des policiers pris à partie en soirée
La Police nationale assure effectuer « des contrôles, à peu près tous les jours, sur les rodéos urbains à Brest. Nous n’avons jamais baissé l’attention. Mais cela ne se passe pas qu’à Bellevue. On prend parfois des motos, dans des caves, souvent volées ». Les beaux jours et les vacances scolaires font redouter une recrudescence.
Le syndicat SGP Police FO du Finistère confirme le manque d’effectif, obligeant parfois des collègues de Morlaix à venir en renfort. Il confirme ce qu’il s’est passé dimanche et ajoute des éléments. « Vers 20 h 30, un équipage était envoyé dans le secteur de Kergoat à Bellevue pour des nouveaux faits de rodéo urbain. Sur place, une moto-cross montée par un individu non casqué provoquait les effectifs de police. Une quarantaine d’individus prenait à partie les policiers et caillassait le véhicule sérigraphié occasionnant des dégâts sur la vitre arrière gauche ».
Entre-temps, dans le quartier Kerourien, plusieurs coups de feu étaient entendus. « Sur place des riverains déclaraient que des rodéos urbains avaient eu lieu toute l’après-midi aux moyens d’un maxi-scooter et d’une moto-cross ». Une moto a été retrouvée brûlée.
Il ne regrette pas d’être intervenu
Intervenir soi-même n’est sans doute pas la meilleure solution, elle est très risquée. Mais Sylvain Gaillard « ne regrette pas. Je ne suis pas là pour me laisser faire ! ». Il envisage toutefois de vendre son appartement pour aller vivre ailleurs, peut-être à la base navale, « plus sécurisée ».
Source : Le Télégramme
Laisser un commentaire