Protection de Sarkozy : deux gendarmes trop zélés devant la justice
ILLUSTRATION. Pour éviter «le moindre incident lors de la visite en 2010 dans l’Allier de Nicolas Sarkozy, alors président de la République, deux officiers supérieurs de gendarmerie ont été renvoyés mardi en correctionnelle. Ils avaient gardé toute une matinée un syndicaliste de SUD à la gendarmerie du Mayet-de-Montagne | (LP ARCHIVES/DELPHINE GOLDSZTEJN.)
Qu’importe la légalité. Ils voulaient à tout prix d’éviter «le moindre incident lors de la visite» en 2010 dans l’Allier de Nicolas Sarkozy alors président de la République. Résultat : deux officiers supérieurs de gendarmerie ont été renvoyés mardi en correctionnelle pour avoir «arbitrairement» retenu un syndicaliste.
L’affaire devrait être jugée fin mars au TGI de Clermont-Ferrand, selon «La Montagne».
Le commandant du groupement de gendarmerie de l’Allier et de son adjoint en fonction le 25 novembre 2010, devront répondre d’«acte attentatoire à la liberté individuelle commis arbitrairement par une personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions», un délit passible de 7 ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende. La direction générale de la gendarmerie nationale n’a pas souhaité faire de commentaires.
Un syndicaliste de SUD a passée la matinée à la gendarmerie
Ce jour-là, un syndicaliste de SUD qui avait eu l’intention de manifester contre la réforme des retraites avait été maintenu à la gendarmerie du Mayet-de-Montagne (Allier) toute une matinée, lors d’une visite de Nicolas Sarkozy, alors président de la République. Ce dernier avait ironisé ce jour-là sur son impopularité et sur les réformes engagées, parfois dans la douleur. «A omni-président, omni-embêtements», avait déclaré l’ancien chef de l’Etat.
Le syndicaliste avait raconté que deux gendarmes étaient venus le chercher à la sortie de son travail, alors qu’il avait l’intention de se rendre à cette manifestation organisée à l’occasion de la visite du chef de l’Etat. Il avait déposé une plainte pour «arrestation abusive» et une instruction avait été ouverte, aboutissant en décembre 2011 à la mise en examen de sept gendarmes: les deux officiers, et les cinq hommes qui avaient exécuté leurs ordres.
Selon les conclusions des enquêteurs, le préfet avait donné pour consigne aux forces de l’ordre de «contenir à distance les perturbateurs», sans préciser les moyens de le faire, et recommandé une étroite surveillance du syndicaliste, fiché comme «militant d’extrême gauche».
Non lieu pour les subordonnés
La justice reproche aux deux gradés, «préoccupés avant tout» par le souci «d’éviter le moindre incident lors de la visite présidentielle», d’avoir ordonné la mise à l’écart du militant syndical «en dehors de tout cadre légal». Leurs cinq subordonnés ont en revanche bénéficié d’un non lieu. Trois d’entre eux ont arrêté le syndicaliste en pensant de bonne foi qu’il s’agissait d’un contrôle d’identité et les deux autres ont alerté leur hiérarchie, en vain, sur les problèmes que soulevait cette longue rétention.
Source : LeParisien
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