Vous êtes ici: Accueil › Actualités › Mort de Steve Maia Caniço à Nantes : pourquoi son téléphone est au coeur de l’enquête ← Rassemblement en mémoire de Benjamin Quilès et de sa veuve Sarah devant le TGI de Toulouse Incendie à Villeneuve-sur-Lot : deux policiers sauvent deux petites filles en pleine nuit → Mort de Steve Maia Caniço à Nantes : pourquoi son téléphone est au coeur de l’enquête Vue(s) : 673 Affiches et graffitis liés à la disparition de Steve Caniço, photographiés à Nantes le 15 juillet 2019. afp.com/LOIC VENANCE L’enquête démontre que le téléphone du jeune homme était allumé au moment de l’intervention policière. On pensait jusque-là qu’il s’était éteint une heure avant. C’est un élément nouveau dans l’enquête sur la mort de Steve Maia Caniço. Le téléphone du jeune homme, disparu le soir de la Fête de la musique à Nantes, « bornait au moment de l’intervention policière » durant laquelle une dizaine de personnes sont tombées dans la Loire, révèle Le Canard Enchaîné, relayant les premiers éléments de l’investigation de la police judiciaire. Selon l’hebdomadaire satirique, ce dernier bornage a été relevé à 4h33 sur le quai Wilson… « soit treize minutes après le début de l’intervention policière ». Le rapport de l’enquête administrative de l’IGPN, rendu mi-juillet, faisait quant à lui simplement état d’un SMS envoyé à 3h16. Plus d’une heure avant le début de l’intervention, donc. Une information qui avait, entre autres, permis au Premier ministre, Édouard Philippe, de conclure qu' »aucun lien » n’avait été établi entre la disparition de Steve Caniço et la charge des policiers, qui avaient fait usage de gaz lacrymogène et de lanceurs de balle de défense. LIRE AUSSI >> L’IGPN innocente-t-elle systématiquement les policiers ? Cette découverte de la police judiciaire nantaise éclaire sous un nouveau jour les circonstances de la mort de cet animateur périscolaire de 24 ans. Comment observe-t-on le bornage d’un téléphone ? « Pour émettre ou recevoir des appels, le téléphone a besoin de se connecter à une antenne relais, aussi appelée ‘borne’ ou ‘cellule’. Pour ce faire, il va chercher l’antenne la plus puissante autour de lui et l’activer. Dans ce cas, on dit que ‘le téléphone a borné' », détaillait Le Figaro en janvier 2018. C’est également le cas lorsque l’appareil reçoit ou envoie un SMS, mais aussi lorsque les applications d’un smartphone fonctionnent. Dans tous les cas, il faut que le téléphone soit allumé et émette des données. Le bornage du téléphone de Steve à 4h33 signifie donc que jusqu’à l’intervention policière, l’appareil était en état de fonctionnement. Pourquoi le rapport de l’IGPN n’avait-il pas mentionné ce bornage ? Car l’IGPN n’avait pas eu accès à cette information. Rembobinons. Lorsque la disparition de Steve est signalée par ses proches le 23 juin, c’est, comme cela est l’usage, la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) qui est saisie, et non l’IGPN. Cette dernière effectue une réquisition des « fadettes » de Steve, c’est-à-dire de ses relevés téléphoniques. Ces dernières comportent trois éléments : le dernier appel reçu ou émis, le dernier SMS reçu ou émis, et l’heure de cet appel ou de ce SMS, détaille le Service d’information et de communication de la police nationale (Sicop), contacté par L’Express. « Ces fadettes ont révélé qu’un dernier SMS avait été envoyé à 3h16. Un télégramme, document administratif, a alors été rédigé », explique aussi la Direction de la police nationale (DGPN) à l’AFP. « La sûreté départementale ne dit pas si le téléphone borne ensuite, elle indique simplement que le dernier SMS est à 3h16 et que le dernier relais enclenché est celui dans la zone du quai Wilson », insiste le Sicop. LIRE AUSSI >> Pour la police des polices : « On n’échappera pas à une réflexion sur l’usage du LBD » Le 24 juin, l’IGPN est saisie d’une enquête administrative pour déterminer si l’opération policière sur le quai Wilson était légitime. Pour rédiger son rapport sur l’intervention des forces de l’ordre, la « police des polices » interroge les fonctionnaires présents sur les lieux et réunit tous les documents administratifs dont elle dispose (fiches d’usage des armes, rapports policiers…), y compris ce télégramme de la sûreté départementale. Mais dans le cadre de cette enquête, l’IGPN n’a pas le droit d’effectuer des réquisitions auprès des opérateurs téléphoniques : elle ne disposait donc pas de l’heure du dernier bornage du téléphone de Steve. Interrogée par L’Obsdébut août sur le dernier SMS reçu par Steve, la directrice de l’IGPN explique d’ailleurs : « Un fonctionnaire saisi de la première enquête sur la disparition de Steve nous a fourni cette information, mais ce sera à l’enquête judiciaire ouverte sur les conditions de sa mort de la vérifier. » Et c’est bien dans ce cadre qu’est faite la découverte de ce bornage. La police judiciaire, qui est chargée de l’étude de la téléphonie, a effectué des réquisitions judiciaires auprès de l’opérateur de Steve. L’enquête sur la mort de Steve est-elle remise en cause ? Le Premier ministre Édouard Philippe avait fait valoir que le rapport de l’IGPN n’établissait « pas de lien » entre l’intervention controversée des forces de l’ordre et la disparition du jeune homme de 24 ans. « On ne peut pas dire que Steve serait tombé à l’eau du fait de l’intervention de la police. On ne peut pas dire qu’il est tombé en dehors de l’intervention non plus », avait alors déclaré un cadre de l’IGPN qui renvoyait vers « l’enquête judiciaire ». Selon Le Canard Enchaîné, la découverte de l’heure du dernier bornage a déclenché la demande de dépaysement de l’enquête à Rennes, le 4 septembre dernier. Cette dernière, qui mobilise des moyens d’enquête plus importants que l’enquête administrative, permettra certainement d’en savoir plus. « Un homme tombé dans l’eau à cause des gaz lacrymogènes autour de 4h15 du matin rapporte qu’il a vu Steve se débattre à côté de lui, qu’il a essayé de l’aider mais qu’il n’a rien pu faire. Et il l’a vu couler. […] Ces éléments figurent forcément dans l’enquête », expliquait à Presse Océan Johanna, la sœur de Steve. L’avocate de la famille Caniço, Cécile de Oliveira, estime en tout cas que cette découverte conforte la théorie des proches du jeune homme. « Que la chute de Steve soit concomitante avec l’intervention policière, c’était déjà la conviction de la famille de Steve. Mais il faut de la loyauté et du courage pour retrouver la vérité », rapporte-t-elle à L’Express. Source : L’Express Lire également : Le Télégramme – Mort de Steve à Nantes. Un téléphone au cœur de l’enquête Laisser un commentaire Annuler la réponseVotre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *Commentaire * Nom * E-mail * Enregistrer mon nom, mon e-mail et mon site dans le navigateur pour mon prochain commentaire.
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