Injure envers la police: Kassovitz défend sa « bande de bâtards » au tribunal

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Injure envers la police: Kassovitz défend sa « bande de bâtards » au tribunal.

© STRINGER / AFP

Mathieu Kassovitz n’a pas « la haine » contre les policiers, traités de « bande de bâtards » dans un tweet en décembre 2017: jugé jeudi à Paris pour « injures publiques », l’acteur et réalisateur a défendu une simple « raillerie » face à « la vantardise » de la Sécurité publique.

Pour la première fois, en dépit de ce que son avocat qualifie de propension au « persiflage », Mathieu Kassovitz, 51 ans, se retrouve au tribunal pour ce qu’il a dit. Ni son « J’encule le cinéma français », ni ses doutes sur la « version officielle » des attentats du 11 septembre 2001 ne l’y avait conduit.

Son « bande de bâtards » lancé à l’adresse de la police, dans un tweet raillant une opération antidrogue dans un hôpital psychiatrique de Nantes, lui a valu la plainte de 17 agents, qui réclament chacun 3.000 euros de dommages et intérêts.

Le réalisateur du film devenu culte « La Haine » réagissait à une publication de la Direction départementale de la Sécurité publique de Loire-Atlantique, faisant état des résultats d’une opération de sécurisation et de recherche de stupéfiants à l’hôpital psychiatrique Saint-Jacques, lors de laquelle 24 policiers avaient été mobilisés et 7 grammes de résine de cannabis découverts dans la chambre d’un patient.

« Bande de bâtards. 7g !!! 24 policiers !!!!! Vous êtes une belle bande de bon à rien @Police nationale » (sic), avait tweeté Mathieu Kassovitz, s’attirant la colère de syndicats policiers.

Le préfet Eric Morvan, directeur général de la police nationale, avait exprimé son « soutien » envers les policiers de Nantes ayant déposé plainte, ajoutant que « le commentaire est libre, bien sûr, mais l’insulte inutile ».

A l’audience, Mathieu Kassovitz justifie une réaction outrée face à une inutile « vantardise » – « franchement, ils ont mobilisé 24 personnes pour obtenir 7g dans la chambre d’un patient qui n’attend que le soir pour fumer son petit joint pour éviter de prendre des médocs » -, mais affirme n’avoir pas voulu « blesser » des policiers qu’il « respecte ».

– De la banlieue à la DGSE –

« Moi, j’ai été éduqué beaucoup dans la rue. La +bande de bâtards+, ce n’est pas une insulte, je l’utilise aussi pour les amis », assure-t-il.

Le tribunal remarque tout de même qu’il a ensuite tweeté des excuses « pour les insultes ». L’acteur se désole de la « susceptibilité » des policiers, affirme que lui subit « des violences policières » depuis qu’il a 25 ans.

Depuis « La Haine », il utilise le langage et l’image « pour faire réagir », pour « rétablir une discussion entre le citoyen et la police ». « Avec mes amis, on se bat pour que les jeunes respectent la police, mais pour ça, il faut que les policiers respectent les jeunes. »

Ses amis se comptent autant dans les banlieues de Paris que parmi les gradés de la police ou à la DGSE, où le succès de son rôle d’espion du « Bureau des Légendes » en a fait une sulfureuse icône.

Le tribunal demande s’il maintiendrait son tweet aujourd’hui. « Oui absolument », répond le réalisateur de « La Haine », quand l’espion Malotru précise: « Mais maintenant que je sais que je vais passer quelques heures avec vous, j’utiliserai un terme plus léger ».

Par prudence, dépit ou lassitude, il a fermé ses comptes sur les réseaux sociaux « il y a quinze jours », jugeant que son « point de vue n’a plus d’intérêt ».

L’injure « ne fait aucun doute » pour le procureur, qui demande la condamnation de l’acteur, sans toutefois suggérer de peine.

Les avocats des policiers, parties civiles, ont eux dénoncé, au travers du terme « bâtard », une « invective grossière et violente » à l’encontre d’agents de terrain confrontés à la « violence sans aucune retenue ».

L’avocat de Malotru, William Bourdon, a plaidé la liberté d’opinion et de parole d’un enfant terrible du cinéma français, autant adulé que détesté. Il rappelle que « des centaines de personnes ont réagi au tweet » de la police qui a vanté une opération « comme si le FBI avait arrêté un serial killer ». « Alors oui, la France se moque ».

Jugement le 19 septembre.

Source : France Soir

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