Suicides de policiers. Recueillement et colère devant des commissariats en France
Les policiers sont réunis lors d’une cérémonie en hommage à leur collègue qui s’y était suicidé la veille avec son arme de service, le 19 avril 2019, au principal commissariat de Montpellier. | SYLVAIN THOMAS / AFP
De très nombreux policiers se sont mobilisés devant leurs commissariats, ce vendredi, pour rendre hommage à leurs 28 collègues qui ont mis fin à leurs jours depuis le début de l’année. À Montpellier, ils étaient plusieurs centaines, là où une de leur collègue s’est donné la mort jeudi.
Des policiers se sont rassemblés vendredi devant plusieurs commissariats en France pour rendre hommage à leurs 28 collègues qui se sont suicidés depuis le début de l’année, ont constaté des journalistes de l’AFP.
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Une intersyndicale rassemblant sept organisations avait appelé à ces moments de recueillement après l’annonce jeudi de deux nouveaux suicides dans une institution touchée par une vague inédite depuis début janvier.
À Paris, des policiers et représentants syndicaux se sont notamment réunis devant la direction des ressources et des compétences de la police nationale (DRCPN) mais aussi devant des locaux de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) dont un des agents s’est suicidé jeudi, à son domicile.
« On vit une situation difficile »
« On veut exprimer un ras-le-bol de cette situation et de cette administration qui fait la sourde oreille. On a fait des demandes pour améliorer la situation des fonctionnaires de police mais rien ne se passe, on n’est pas entendu », a déclaré Ivan Assioma, délégué Alliance pour Paris.
« À la DOPC, les agents sont appelés tous les week-ends à cause des manifestations. Ils sont jeunes, ils sont déracinés après la sortie d’école de police, ils sont mal payés et en plus ils n’ont plus de vie privée, ils travaillent tous les week-ends », a ajouté le syndicaliste.
Devant la direction territoriale de la sécurité publique (DTSP) de Bobigny, les policiers se sont rassemblés pour « montrer qu’on vit une situation difficile », explique Franck, à la BAC départementale depuis 13 ans et délégué Unité-SGP-FO.
« C’est un métier pas évident », « on a des contraintes énormes », « on est tout le temps sur la voie publique, il y a un stress énorme », a-t-il poursuivi.
À Marseille, Toulouse, Saint-Étienne, Clermont-Ferrand…
Visages marqués par la peine, les yeux souvent embués de larmes et se réconfortant les uns les autres, plusieurs centaines de policiers se sont rassemblés à Montpellier dans le silence devant l’hôtel de police de Montpellier où s’est suicidée la veille l’une de leurs collègues, capitaine à la sûreté départementale.
À Toulouse, quelque 150 fonctionnaires se sont rassemblés devant le commissariat. Management interne et rythmes de travail sur fond de « gilets jaunes » cumulent les griefs. « La plupart des collègues ont du mal à lier vie professionnelle et familiale », avance Didier Martinez, secrétaire régional Unité-SGP police.
Même son de cloche à Marseille. « La maison police souffre, fatigue, et en a marre de ces deuils », estime Rudy Manna, secrétaire du syndicat Alliance pour les Bouches-du-Rhône. « On ne veut plus entendre que c’est uniquement personnel, or c’est ce que veut laisser entendre l’administration », a-t-il complété. « Nous sommes au point de rupture, nous sommes suremployés. »
Une centaine de manifestants se sont rassemblés devant un commissariat de Saint-Etienne, une cinquantaine à Clermont-Ferrand, une vingtaine à Roanne et plusieurs rassemblements se sont déroulés à Lyon.
Dans l’Ouest, il y a eu des rassemblements à Rennes, Caen, Flers, Granville, Laval, Vannes, Lorient, Les Sables-d’Olonne…
La cellule « alerte-prévention-suicide » installée le 29 avril
Vendredi, le ministre de l’Intérieur a dit « comprendre l’initiative des organisations syndicales ». Christophe Castaner a également indiqué que la cellule « alerte-prévention-suicide » au sein de la police, dont il avait annoncé la création vendredi dernier, serait installée le 29 avril et qu’il recevrait les syndicats dans la foulée.
Pilotée par une inspectrice générale de l’administration, Noémie Angel, cette cellule comprendra un officier de police et le professeur de psychiatrie, Jean-Louis Terra.
« Alors que la sollicitation opérationnelle atteint un niveau inédit, l’attention soutenue de la hiérarchie de tous grades doit être portée à la communauté professionnelle, dans le cadre d’un management attentif et bienveillant. Dans l’adversité, la cohésion est plus que jamais une valeur cardinale de la police nationale », a écrit le directeur général de la police nationale (DGPN), Eric Morvan dans un télégramme à l’encadrement.
Source : Ouest-France
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