Affaire Benalla : Collomb et Delpuech interrogés ?
Michel Delpuech (à gauche) et Gérard Collomb (à droite) ont croisé Alexandre Benalla le 1er mai à la préfecture de police de Paris. AFP/Benoît Tessier
Un avocat a saisi le juge d’une demande d’audition du ministre de l’Intérieur et du préfet de police.
Comment et quand les acteurs de l’affaire Benalla ont-ils visionné la vidéo du 1er mai dans laquelle on aperçoit l’ex-chargé de mission à l’Elysée molester deux manifestants place de la Contrescarpe à Paris ? Le syndicat minoritaire Vigi (ex-CGT Police) demande, par le biais de son avocat, Me Yassine Bouzrou, les auditions de plusieurs protagonistes, dont celles du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, et du préfet de police de Paris, Michel Delpuech.
À ce jour, trois policiers sont mis en examen pour avoir, le 18 juillet, fourni à Alexandre Benalla des images de vidéoprotection alors qu’ils n’étaient pas habilités. Vigi s’interroge : et si cette infraction avait été commise dès le 1er mai au soir, et par d’autres personnes…
Réunis à la préfecture, une heure et demie après les faits
Dans sa demande d’actes adressée le 29 août au juge d’instruction, Me Bouzrou souligne que dès le 1er mai au soir, soit une heure et demie après les faits, « une réunion » se tient dans la salle de commandement de la préfecture de police de Paris, où se croisent le ministre de l’Intérieur, le préfet de police et plusieurs futurs mis en examen, dont Alexandre Benalla et son acolyte Vincent Crase, l’ancien réserviste de gendarmerie, présent à ses côtés, place de la Contrescarpe. Or ces derniers, relève l’avocat, prétendent avoir déjà visionné la vidéo qui les incrimine.
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Alexandre Benalla reconnaît que deux agents en civil ont repéré sur Twitter les images. L’intéressé précise en avoir pris connaissance dans une pièce attenante à la salle de commandement et ce en présence du major Philippe Mizerski, le policier chargé de l’encadrer dans son rôle d’observateur durant la manifestation.
« Deux opérateurs suivaient en temps réel les réseaux sociaux et ils ont appelé le major en lui disant qu’il y avait manifestement un problème. Le major m’a alors fait venir », affirme Benalla sur procès-verbal le 20 juillet, lors de sa garde à vue. Vincent Crase, ex-salarié de LREM, ponctuellement employé à l’Elysée, dit, lui, s’être reconnu sur ces images.
« Personne n’a demandé à Benalla de sortir »
À ce moment-là, dans la salle de commandement, le ministre de l’Intérieur et le préfet de police font la tournée des pupitres du plan de vidéoprotection pour Paris (PVPP), où ils serrent la main des fonctionnaires et assistent en direct aux affrontements qui se poursuivent place de la Contrescarpe. D’où cette demande d’audition du ministre, du préfet de police mais aussi d’Alain Gibelin, le directeur de l’ordre public et de la circulation (DOPC) et du major Mizerski. « Il est indispensable d’établir en présence de quelles personnes ces images ont été diffusées et si toutes les personnes présentes étaient habilitées à les voir », note la demande d’acte de Vigi.
Comme le fait remarquer en garde à vue le commissaire Maxence Creusat, l’un des trois policiers mis en examen pour avoir fourni la vidéo de l’incident à Benalla, « aucune des autorités présentes ne s’est interrogée sur la présence de M. Benalla en ces lieux et ne lui a demandé de sortir ». « Personne n’a considéré que le fait, pour M. Benalla, de voir des images en direct et en différé du PVPP posait une difficulté », a-t-il ajouté.
Après coup, devant la commission des lois, Gérard Collomb avait déclaré considérer la présence dans la salle de commandement des deux observateurs (Benalla et Crase) comme « inopportune ». Quant au préfet Michel Delpuech, il avait affirmé avoir découvert leur présence avec « étonnement et surprise ».
Source : Le Parisien
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