« Mort pour la patrie » : le gendarme Arnaud Beltrame, héros de l’attaque de Trèbes, a succombé à ses blessures
Le Lieutenant colonel Arnaud BELTRAME
Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame ( Photo diffusée par le ministre de l’Intérieur sur Twitter)
« Il savait certainement qu’il n’avait pratiquement aucune chance », témoigne le frère du gendarme.
« Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame nous a quittés. Mort pour la patrie. » Par ces quelques mots, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a annoncé cette nuit, sur Twitter, la mort du gendarme qui s’était proposé comme otage auprès du djihadiste auteur des attaques dans l’Aude. Le lieutenant-colonel est mort des suites de ses blessures. Il était âgé de 45 ans.
« Jamais la France n’oubliera son héroïsme, sa bravoure, son sacrifice. Le coeur lourd, j’adresse le soutien du pays tout entier à sa famille, ses proches et ses compagnons de la @Gendarmerie de l’Aude », a ajouté le ministre.
Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame nous a quittés.
Mort pour la patrie.
Jamais la France n’oubliera son héroïsme, sa bravoure, son sacrifice.
Le coeur lourd, j’adresse le soutien du pays tout entier à sa famille, ses proches et ses compagnons de la @Gendarmerie de l’Aude.
Arnaud Beltrame est »tombé en héros » et mérite le « respect et admiration de la nation tout entière », a pour sa part réagi Emmanuel Macron.
« Il n’a pas hésité une seconde »
« Ce qu’il a fait ça va au-delà de l’engagement de son métier », a témoigné son frère Cédric Beltrame, sur RTL.
« Il savait certainement qu’il n’avait pratiquement aucune chance », selon le frère du gendarme. « Il a été très conscient de ce qu’il a fait », « il n’a pas hésité une seconde. »« Il a donné sa vie pour quelqu’un d’autre, pour un inconnu, même pas pour quelqu’un de sa famille », a-t-il poursuivi, jugeant le terme de « héros » « parfaitement approprié ». « Grâce à lui, on a sauvé de très nombreuses vies. »
Sa mère avait réagi vendredi soir alors qu’il était grièvement blessé :
« Il me dirait, je fais mon travail maman, c’est tout », a-t-elle confié au micro de la radio RTL.« Ça ne m’étonne pas de lui (…) Il a toujours été comme ça, c’est quelqu’un qui, depuis qu’il est né, fait tout pour la patrie (…). Pour lui, c’est sa raison de vivre, défendre la patrie. C’est Arnaud ça, voilà, défendre les autres. »
Ce samedi matin, une rose blanche était accrochée sur le portail de la caserne du groupement de gendarmerie départemental de l’Aude à Carcassonne. Anne-Marie Bonnet, qui habite non loin, est venue déposer un bouquet de fleurs au pied du portail:
« On le remercie pour ce qu’il a fait (…) c’est un geste héroïque et je préfère que l’on parle de lui plutôt que de l’autre », a-t-elle dit.
L’ensemble des drapeaux et étendards de la gendarmerie est mis en berne.
Blessé par balle et au couteau
Le gendarme a payé de sa vie l’héroïsme dont il a fait preuve pendant la prise d’otages réalisée par Redouane Lakdim à Trèbes, près de Carcassonne. Alors que l’assaillant venait d’abattre deux personnes dans le supermarché, « au péril de sa vie », il « a fait le choix de prendre la place des otages retenus à l’intérieur du supermarché », avait expliqué le procureur de la République de Paris François Molins lors d’une conférence de presse vendredi. Lorsqu’il se rend dans le Super U, le terroriste avait déjà abattu deux personnes, un salarié et une cliente.
Le gendarme « avait laissé son téléphone ouvert sur la table (…) et c’est lorsque nous avons entendu les coups de feu que le GIGN est intervenu » et a abattu l’auteur de l’attaque, qui se réclamait du groupe djihadiste Etat islamique, avait auparavant détaillé à la presse le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.
Il a été blessé par balle à deux reprises et a reçu plusieurs coups de couteau par l’assaillant, selon une source proche de l’enquête. Son décès porte le bilan des attentats à quatre morts et quinze blessés.
Arnaud Beltrame en mars 2013, dans « Ouest France » (AP/SIPA)
« Un frère d’arme »
« Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame est mort au service de la nation, à laquelle il avait déjà tant apporté », a aussi souligné Emmanuel Macron.
Ce Breton, marié, sans enfant, est décoré de l’ordre national du Mérite. Il est sorti major de sa promotion de l’Ecole militaire de Saint-Cyr Coëtquidan en 1999. Il est également major, en 2001, de l’Ecole des officiers de la gendarmerie nationale. Ses camarades le décrivent comme « un gars solide ». « Un potentiel sportif énorme », se souvient l’un d’eux, joint par « Le Parisien/ Aujourd’hui en France » avant l’annonce du décès, « c’est un homme psychologiquement fiable, svelte, grand et sec, un vrai sportif. » « C’est un frère et un frère d’arme aussi ».
D’abord officier dans l’armée de terre au 8e Régiment d’artillerie de Commercy (Meuse), il rejoint la gendarmerie en 2002, d’abord au au groupement blindé de gendarmerie mobile de Satory (Yvelines), selon « Le Parisien ». L’Elysée indique qu’il a été « chuteur opérationnel » (parachutiste des forces spéciales) en Irak en 2005 où il fut décoré de la croix de la valeur militaire avec citation à l’ordre de la brigade en 2007. Commandant de compagnie au sein de la Garde Républicaine, « il assure pendant quatre ans la sécurité du palais de l’Elysée ».
Nommé officier adjoint au commandement du groupement de gendarmerie de l’Aude en 2017, Arnaud Beltrame a été commandant de la compagnie d’Avranches (Manche) jusqu’en 2014, avant de devenir conseiller auprès du secrétaire général du ministère de l’Écologie. Il a accédé au rang de lieutenant-colonel en 2016.
Fait prémonitoire, en décembre 2017, il avait participé à un exercice simulant une tuerie de masse dans un supermarché de la région, selon le quotidien régional « La Dépêche du Midi ».
B.L. avec AFP
Source : L’Obs
L’Association Professionnelle Gendarmerie, très touchée par le décès du Lieutenant-colonel Arnaud BELTRAME, présente à sa famille, à ses amis ainsi qu’à ses camarades ses condoléances attristées.
Le « Gendarme » BELTRAME a porté haut les couleurs de la France et de la Gendarmerie Nationale. Il restera pour nous tous un exemple.
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