Pourquoi les militaires sont sans défense ? Souvenez-vous !!!
« Economies dans les armées: pourquoi les militaires sont sans défense ? »
Souvenez vous, le 23/05/2014, il y a 2 ans jour pour jour, le journal l’Express titrait un article concernant les droits des militaires, la Liberté d’expression et le droit d’association professionnel. De même, sacrilège, avec d’énorme précaution le mot « syndicat » était utilisé…
Dans les mois qui suivaient, en octobre 2014 précisément, la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) condamnait la France pour ces mêmes motifs.
Rien n’ayant changé à ce jour, je désire vous donner à relire cet article afin d’y réfléchir et de constater que nos autorités continuent de nous trimbaler sans qu’aucune avancée significative ne soient prise dans le sens des injonctions de la CEDH.
Ronald Guillaumont
président de l’Association Professionnelle Gendarmerie (APG)
Economies dans les armées: pourquoi les militaires sont sans défense
Le code de la défense stipule que le droit de grève est incompatible avec l’état militaire, tout comme la formation de groupes à vocation syndicale. AFP PHOTO / FRED DUFOUR
Suppressions de postes, baisse des crédits… Pour Jean-Yves Le Drian, le climat social dans les armées est « proche de l’exaspération ». Mais comment un militaire peut-il protester en l’absence de droit de grève et de syndicalisation?
« Pour protester, les militaires ne vont pas sortir les chars et aller dans la rue. On n’est pas en Thaïlande! » Jacques Bessy, 64 ans, est un colonel à la retraite. Il préside l’Association de défense des droits des militaires (Adefdromil), la seule association loi 1901 du genre. « Si je n’étais pas retraité, je serais déjà convoqué, menotté et bandeaux sur les yeux! », plaisante-t-il.
Avec son compère Michel Bavoil, ancien parachutiste, il conseille les militaires et recueille leurs griefs. Et ces derniers temps, ils ne manquent pas de travail. Dans une lettre adressée à François Hollande et dont Le Figaro a publié ce vendredi des extraits, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian parle d’un « contexte social proche de l’exaspération » dans les armées. En cause, la loi de programmation militaire, qui a acté une baisse importante des crédits en décembre, et la perspective d’un nouveau coup de rabot dans le cadre du plan d’économies de 50 milliards du gouvernement.
Toute plainte passe par la hiérarchie
Preuve de ce ras-le-bol, les dirigeants des trois armées et le chef d’état-major ont brandi la menace d’une démission collective. Autant dire la seule solution pour faire pression sur l’exécutif tant les moyens de contestation sont faibles dans l’armée. Le Code de la défense ne prévoit ni droit de grève ni droit à la syndicalisation pour les militaires. Toute supplique doit être transmise à son supérieur, censé veiller « aux intérêts de ses subordonnés ». « Sauf que ces représentants ne sont ni une force d’opposition ni une force de propositions », regrette Jacques Bessy. « Ils font ce travail de relais d’informations en plus de leurs tâches de militaire. »
Le surnom de « La grande muette » n’est donc pas anodin. Il provient des restrictions de libertés individuelles imposées aux militaires, explique le Larousse. Un devoir de réserve bien plus contraignant que celui des fonctionnaires. « Par définition, le soldat est là pour obéir. On cherche d’abord les solutions avec les moyens que l’on a avant de se plaindre », théorise l’ex-capitaine Michel Bavoil. Difficile pourtant de rester silencieux quand le matériel militaire est obsolète, les moyens en baisse et que les opérations extérieures se multiplient. Et lorsqu’un militaire se plaint, il est vu comme « un emmerdeur, un cas social », raconte un officier de 56 ans, toujours en activité. « Mais un soldat de base ne se plaint jamais. Il ne sait pas s’exprimer, formuler une phrase qui tient la route. S’il savait le faire, ça fait longtemps qu’il serait officier ou dégagé de l’armée! »
Vers une autorisation des syndicats dans l’armée?
Déjà en 2003, le directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense, avait mis en garde les militaires contre les risques encourus à adhérer à l’Adefdromil, y voyant « un syndicat ». Ces menaces n’ont pas découragé l’association. Elle revendique aujourd’hui 450 membres et 2000 sympathisants.
Pour trouver un espace public où débattre, il n’y a guère qu’Internet. Au risque de voir les griefs se retourner contre l’auteur ou rester au stade de défouloir. En 2012, lors du scandale du logiciel de paie Louvois, ce sont les femmes des soldats qui ont dû monter au créneau pour défendre les droits de leurs maris. Que ce soit en manifestant dans la rue ou en organisant des actions sur les réseaux sociaux, comme se photographier nue avec des messages sur le dos.
Les militaires ont néanmoins bientôt une chance de faire valoir leurs intérêts eux-mêmes. La Cour européenne des droits de l’Homme doit statuer d’ici fin juin sur un recours déposé par l’Adefdromil sur le droit des militaires à se syndiquer. Pour Jacques Bessy, les pouvoirs publics français ont peur, à tort, qu’une telle autorisation « politise » l’armée.
Source : L’Express
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