Brest. Aux urgences, un « mur de la honte » pour dénoncer les dizaines d’heures d’attente sur les brancards

Sur le parking des urgences du CHU de Brest, la CGT a mené une action coup de poing ce mardi 14 août 2024. Des panneaux ont été installés pour montrer les temps d’attente exorbitants des patients âgés sur des brancards, mettant en lumière des situations choquantes. Parmi les cas dénoncés, Madame A., 95 ans, est restée 20 heures 30 sur un brancard, tandis que Monsieur K., 91 ans, a dû patienter 29 heures avant de se voir attribuer un lit d’hôpital.

Pour attirer l’attention sur les conditions déplorables des patients âgés aux urgences du CHU de Brest, la CGT de l’hôpital a décidé d’agir en affichant des témoignages poignants. Durant une heure, six grands panneaux ont été dressés sur le parking, révélant les profils des patients de plus de 75 ans qui, entre le 10 juillet et le 7 août, ont dû attendre sur un brancard avant de recevoir un lit d’hôpital. Ces chiffres choquants mettent en lumière un service d’urgence débordé, où le personnel paramédical est en grève depuis le 4 juillet tout en continuant d’assurer les soins nécessaires.

Selon Delphine Vigouroux, aide-soignante aux urgences et membre de la CGT, « le nombre de passages aux urgences reste stable, mais le véritable problème réside dans l’accueil de patients de plus en plus âgés, souvent atteints de multiples pathologies, pour lesquels il devient extrêmement difficile de trouver des lits. » Ainsi, les patients doivent endurer de longues heures sur des brancards, parfois dans un ancien garage à ambulances, réaménagé depuis la crise du Covid-19.

Thomas Bourhis, infirmier et délégué CGT, dénonce les conditions sommaires de ce garage transformé en salle d’attente permanente. « Ce lieu, qui devait initialement n’accueillir les patients que pour quelques heures, est désormais ouvert 24h/24, avec un manque de personnel et des conditions inacceptables pour les personnes âgées, qui y passent en moyenne 23 heures, et parfois jusqu’à 48 heures. »

Dans ce lieu exigu, des patients en situation de grande précarité côtoient des personnes âgées attendant des examens complémentaires, sans accès à des toilettes, douches ou services de restauration adéquats. La surveillance y est assurée par une seule infirmière et une aide-soignante pour 22 brancards, alors que le ratio normal dans un service d’hospitalisation est de deux personnels paramédicaux pour 12 lits.

Les difficultés à trouver des lits d’hospitalisation pour les patients des urgences ne sont pas nouvelles. Depuis 2018, le « No Bed Challenge » lancé par François Braun, alors leader du syndicat Samu-Urgences de France, mettait déjà en lumière cette problématique. Pour le docteur Jean-François Cibien, président du syndicat Action Praticiens Hôpital (APH), « le nombre de patients bloqués en attente d’un lit devrait être un indicateur affiché dans tous les services d’urgences. » Il alerte également sur les conséquences de cette situation : « Quand 15 à 20 personnes attendent sur des brancards pendant des heures, sans intimité ni confort, c’est de la maltraitance et cela augmente les risques de complications médicales. »

Une étude de novembre 2023, dirigée par le professeur Yonathan Freund, urgentiste à la Pitié-Salpêtrière à Paris, révèle qu’une nuit passée sur un brancard aux urgences augmente la mortalité des patients de plus de 75 ans de 40%. Ce chiffre alarmant vient renforcer l’urgence d’une réforme en profondeur du système hospitalier, afin de garantir des conditions dignes pour les patients et un environnement de travail adéquat pour les soignants.

Source Le Parisien

Source : Police & Réalités

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