MONDE – Ce lundi 8 janvier, le mouvement « Zu viel ist zu viel » (“Trop, c’est trop”) se déploie à travers toute l’Allemagne. Bien que le gouvernement ait partiellement reculé le jeudi 4 janvier sur la suppression des avantages fiscaux sur le gazole non routier (GNR), les agriculteurs allemands ne décolèrent pas. Des blocages routiers et autoroutiers se profilent alors que la fédération des transports appelle à suivre le mouvement.

Comme expliqué dans notre précédent article, la Cour constitutionnelle allemande a retoqué le budget 2024 présenté par Olaf Scholz en novembre. Forcé d’opérer des coupes budgétaires, le chancelier a opté pour la suppression d’allègements fiscaux sur le diesel agricole et sur l’impôt sur les tracteurs, ce qui a déclenché la colère des agriculteurs dès décembre. 

Des concessions du gouvernement que les agriculteurs estiment insuffisantes 

La coalition allemande actuellement au pouvoir (composée du Parti social-démocrate, du Parti libéral-démocrate et des Verts) a bien tenté de calmer le jeu. Le 4 janvier, le gouvernement a déclaré abandonner son projet d’introduction d’une taxe sur les véhicules agricoles et forestiers. Il a aussi proposé une suppression progressive des allégements fiscaux sur le diesel agricole, de 2024 à 2026, au lieu d’une suppression totale. Ces concessions n’ont pas convaincu la fédération des agriculteurs allemands (DBV), qui a réitéré ses appels à des manifestations sans précédent pour les deux semaines à venir. Rien qu’en Bavière, 180 actions ont été enregistrées. Elles débutent ce lundi 8 janvier. 

Les revendications des syndicats sont claires. Ils comptent faire grève jusqu’à ce que le gouvernement renonce à leur imposer toute mesure d’austérité dans le budget annuel qui est en train d’être voté. La Commission budgétaire du Bundestag arrête le budget fédéral pour 2024 la troisième semaine de janvier. C’est pour cette raison que la plus grosse manifestation est annoncée un peu avant, pour le 15 janvier, à Berlin.

Cependant, la colère ne se cantonne déjà plus au monde agricole, et prend des allures de grève générale contre la politique budgétaire du gouvernement Scholz. 

Un mouvement qui prend des allures de grève générale 

En effet, de nombreuses entreprises de transport ou d’artisans ont rejoint le mouvement pour protester, entre autres, contre l’augmentation du prix des péages et de l’énergie. Le gouvernement compte également augmenter la taxe sur le CO2 cette année, et les ménages allemands vont eux aussi payer plus cher le fioul, le gaz et le diesel. Ce qui explique en partie pourquoi, d’après un sondage réalisé pour le magazine Der Spiegel, 70 % de la population soutiendrait les demandes actuelles des agriculteurs. 

A noter que les cheminots, qui sont en train de négocier des hausses de salaires et une baisse du temps de travail, seront également en grève à la mi-janvier. Avec le blocage des routes et des chemins de fer, la circulation des biens et des personnes dans tout le pays risque d’être paralysée.

Les conséquences de cette situation se font déjà sentir à Berlin. Selon un sondage commandé par le journal Bild et paru le 7 janvier, deux tiers des Allemands souhaitent un changement immédiat de chancelier.