Lettre en vers à l’occupant de l’Élysée, à la Représentation nationale et au peuple français, de Francis Lalanne
À Macron : « Eh, petit, il faut que tu dégages »
dimanche 30 octobre 2022, par Lionel Labosse
Après L’Assemblée des Loups, voici comme promis un nouvel article sur Lettre en vers à l’occupant de l’Élysée, à la Représentation nationale et au peuple français, pamphlet en vers paru en 2022. Quelques précisions techniques : sur le site de Francis Lalanne comme sur celui de l’éditeur Talma, on ne trouve pas encore ce livre en vente. On le trouve paradoxalement sur Amazon, mais aussi sur le blog Novi mondi. C’est un éditeur qui semble publier beaucoup d’ouvrages dont les médias corrompus ne parleront pas. J’y ai repéré un livre signé Étienne Chouard, c’est dire ! En ce qui me concerne j’ai acheté ce livre lors d’une séance de dédicaces, et c’est la meilleure façon de le faire pour ces nouveaux proscrits que sont les anticovidistes.
Il s’agit d’un livre de lutte, dont la 4e de couverture subsume le propos qui m’agrée à 100 % : « C’est en détrônant les suppôts de Davos qui siègent aujourd’hui à la tête des États mondialistes que nous mettrons définitivement un terme à ce chaos ». Le livre est dédié à Julian Assange, et je ne peux que souscrire aux propos de Francis Lalanne en donnant la parole à cet Albert Londres des temps modernes où la « plume dans la plaie » a été remplacée chez les journalistes par une langue servile fourrée dans l’anus des puissants :
Dans l’introduction, Lalanne proclame « le caractère politiquement artistique de [s]a démarche », et explique qu’il a choisi la forme du « chant royal », en vogue entre le XIVe et le XVIe siècle, une sorte de ballade augmentée. Il mentionne d’ailleurs « La Ballade du pendu de François Villon » (en fait « Ballade des pendus » ou « Épitaphe Villon »), et surtout la « Chanson royale » du poète Eustache Deschamps (1340-1406 à peu près), qui n’a jamais été traduite en français moderne semble-t-il, sur laquelle vient de paraître cet article. Francis Lalanne adapte le chant royal à la modernité, en adoptant l’alexandrin au lieu du décasyllabe, en allongeant la sauce, et surtout, je cite : « Je rends la diérèse facultative pour conserver à la scansion l’apparence du langage parlé » (p. 9).
Pour être franc, cela me séduit moins que la métrique pratiquée dans L’Assemblée des Loups, qui, si elle sacrifiait la diérèse, ce que je trouvais parfois dommage, restait quand même davantage dans le moule traditionnel. Je vous renvoie d’ailleurs à ce précédent article pour les éclaircissements sur la question de la césure. Bon attention, ce sont vraiment des livres de grande valeur, que je recommande hautement, mais en ce qui me concerne, quant à « conserver à la scansion l’apparence du langage parlé », je préfère le vers libre ou les versets façon Cendrars, Apollinaire, Senghor, Claudel, etc. Dans ce livre, on peine parfois à retrouver un vers structuré. Question de goût…
Après l’intro, Lalanne exhume une ballade qu’il avait publiée en 1992 dans le journal Informations ouvrières. C’était à l’époque du Référendum français sur le traité de Maastricht. Il avait milité pour le « non », et bêtement j’avais quand même été favorable au « oui » car j’étais bien naïf à l’époque (mais je n’ai pas voté ; je n’ai pas voté jusqu’à l’âge de 30 ans à peu près). Il avait raison, j’avais tort ! Bon, je me suis racheté à l’occasion du référendum sur le TCE. Il prônait la « grève générale » dans le refrain de cette ballade, qu’il reprend et amplifie en 2022 : « Ensemble proclamons la grève générale ». J’écris cet article la veille de la grève du 31 janvier 2023 contre la forfaiture des retraites du macrovidistan, et j’espère que cela tournera en grève reconductible & générale jusqu’à ce qu’il dégage, lui, son iel et tous ses godillots.
Nous entrons maintenant dans le vif du sujet avec un chant royal suivi de plusieurs poèmes, en réaction à divers discours du Chef de l’Étron (celui qui a proclamé son « envie d’emmerder »). Premièrement « Vous n’êtes pas monsieur président des Français » : « Non content d’injurier le bon peuple de France, / Vous souillez son honneur par vos mœurs dissolues » […] « Valet de Big Pharma ! Fossoyeur de la France ! Criminel patenté ! Menteur irrésolu ! » Lalanne a repris en vidéo les deux premiers chants, pour Réaction19, avec un lien vers le texte sous chaque video. Il faut reconnaître que sa diction est un modèle qui justifie tout à fait sa prétention en ce qui concerne la scansion proche du langage parlé. Il lit parfois, mais connaît son texte par cœur !
Deuxièmement « In Cauda » (« Ne livrez plus des armes en Ukraine ») est constitué en quatrains à rimes alternativement plates ou embrassées, sans envoi : « Vous, vous êtes en guerre : ici contre un virus, / Là, contre le climat. Et puis quoi ? Qui dit mieux ? / Il vous fallait en plus la guerre avec les Russes / Pour que la panoplie fût complète à vos yeux » (p. 25 ; j’ai ajouté l’accent circonflexe sur « fût »). Je relève un vers auquel il manque une syllabe : « La France ainsi répand l’horreur, la souffrance » (p. 26 ; le « et » est restitué dans la vidéo ci-dessous). Le poème est didactique & informé : « L’Otan qui n’a cessé de rompre la promesse / Faite aux Russes de ne jamais se rapprocher / De leur étranger proche, ou de s’y rattacher, / Mais commet le péché lorsque dite est la messe ». Il dit tout haut ce que nous pensons : « Allez vous faire foutre ! » (p. 30). La version en vidéo propose quelques variantes d’une version sans doute antérieure. Ce poème pacifique me rappelle une des meilleures chansons de Francis Lalanne, très peu connue car elle était parue sur un 45 tours hors album en 1982 : « Chanson pour la paix ».
Dans le 3e poème qui est un chant royal « En d’autres termes », je ne comprends pas l’allusion « Vos tours de métaphore et autres catachrèses », où ce dernier mot semble uniquement appelé par la rime à « braise ». Là aussi Lalanne met la carte de l’Ukraine en vers pour expliquer la guerre : « C’est le droit de Donetsk et de Lougansk aussi. / C’est ce droit qu’en Ukraine défend la Russie, / Car Donetsk et Lougansk au terme du martyre, / Des griffes de l’Ukraine à présent se retirent » (p. 37). « Faut-il que je rappelle aux BHL & co / En quels termes parlait monsieur Porochenko / Des peuples du Donbass réputés russophones / Après le coup d’État que l’Europe cautionne » (p. 38). « À la table de Minsk, la décision fut prise, / Pourtant par le pouvoir kiévien qu’il fut admis, / Que Donetsk et Lougansk eussent l’autonomie / Et que cessa le feu. Cela à deux reprises » (p. 42). Dans ce dernier quatrain, le subjonctif imparfait est orthographié en passé simple, ce qui rend la phrase confuse, et ce n’est pas le seul cas, j’en ai relevé d’autres & quelques coquilles que je conserve si l’auteur m’en fait la demande. Lalanne ne mâche pas ses mots : « Vous êtes l’un d’entre eux, monsieur le va-t-en-guerre, / Vous êtes un truand, un tueur en col blanc, / Et vous devrez payer quand viendra le moment / Le mal que vous avez répandu sur la terre » (p. 46).
Dans « En d’autres termes » toujours, Lalanne rend hommage à Dominique de Villepin : « Grâce vous soit rendue, Monsieur de Villepin,/ Mais cette France-là, hélas, sent le sapin. / Ceux qui l’ont prise en main et qui la dévalisent / Pour d’autres font le choix de porter les valises » (p. 54). La fin de ce chant est optimiste et fait allusion au premier succès du chanteur : « Et la France, non pas la tienne mais la nôtre, / Pour tous, redeviendra la maison du bonheur » (p. 57).
Un texte bref en tercets suit ces chants : « Autrement dit ». En voici la chute : « Il est temps à présent que je change de ton / Avec ce roitelet qui n’est qu’un avorton, / Que j’adopte avec lui un plus simple langage. / Il est temps désormais, en dépit des moutons, / Des ratons qui le suivent, du qu’en-dira-t-on, / De lui dire : « Eh, petit, il faut que tu dégages » » (p. 65).
Dans l’ode finale « à la France et au peuple français », je relève un « Hommage à mon ami Jean-Michel Caradec, parti trop jeune, et sa chanson Mai 68 » (également chantée par Maxime Le Forestier).
Ce livre a fait l’objet d’une entrevue, ou plutôt discussion de Francis Lalanne avec Carlo Brusa sur le site de Réaction 19. Francis Lalanne est véhément. Carlo Brusa propose pendant cette émission d’envoyer un exemplaire du livre à chaque député. Savait-il qu’il agirait ainsi à la façon de son homonyme Charles Carlier, Négociant, qui envoya à ses frais en 1834 un exemplaire de Claude Gueux de Victor Hugo à chaque député ! Lalanne demande qu’on envoie des mails à nos parlementaires. Je l’ai fait & refait inlassablement en 2020, en 2021, comme en atteste cet article parmi d’autres, mais depuis un moment je fatigue ; mais je vous en conjure, faisons-le à nouveau. Cela ne comprend aucun risque, prend juste un tout petit peu de temps. J’en profite pour glisser ici que depuis trois ans que je fais l’activiste couillon dans les manifs anticovidistes, Carlo Brusa fait partie des rarissimes « vedettes » du Covid que j’aie croisées qui n’ait pas eu peur de déchoir en se laissant filmer pour une sorte de sketch improvisé auquel il participa spontanément avec beaucoup d’humour & de courage. Les curieux retrouveront cela dans la Brigittologie.
Il est également question de Lalanne dans cet article, celui-ci et celui-là, sans oublier Mise en demeure (À Monsieur le Président de la République française) (2009) et « Cherche 58 députés & 35 sénateurs pour déclencher l’article 68 ».
Source : Alter sexualité
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