75 ans après, les retrouvailles d’un soldat américain et de la Française qu’il a aimée pendant la guerre
DOCUMENT FRANCE 2. « Tu n’as jamais quitté mon cœur » : 75 ans après, les retrouvailles d’un soldat américain et de la Française qu’il a aimée pendant la guerre
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En rencontrant un vétéran américain avant l’anniversaire du Débarquement, France 2 a découvert qu’il conservait depuis toutes ces années la photo de son ancien amour français. Nous avons localisé cette femme et organisé leurs retrouvailles.
C’est l’histoire de deux amoureux réunis dans la guerre, puis séparés par un océan. En 1944, K.T. Robbins, un jeune soldat américain, stationne avec son régiment à Briey, en Meurthe-et-Moselle, où il tombe amoureux d’une jeune Française de 18 ans, Jeannine Pierson née Ganaye. « Elle était d’une grande douceur et je pense qu’elle m’a aimé », se remémore aujourd’hui le vétéran. Mais deux mois plus tard, un matin, le soldat doit quitter précipitamment le village pour le front de l’Est : « Je lui ai dit peut-être que je vais revenir et t’emmener, mais ça ne s’est pas passé comme ça. » De retour de l’autre côté de l’Atlantique, K.T. Robbins se marie, sans jamais oublier cette histoire d’amour.
Il y a quelques semaines, à l’occasion d’un reportage sur les vétérans de la Seconde Guerre mondiale aux Etats-Unis, nous découvrons un cliché de la jeune Jeannine Ganaye au milieu de ses albums de souvenirs. Devant nous, K.T. Robbins va alors émettre un voeu. « Je voudrais retourner là-bas, retrouver sa famille, nous déclare-t-il. Elle, je ne la verrai sans doute pas, elle doit être décédée. »
« Il dit qu’il m’aime, moi aussi »
En réalité, Jeannine Ganaye est toujours vivante : aujourd’hui âgée de 92 ans, elle réside dans une maison de retraite à Montigny-lès-Metz, en Moselle. Nous y avons accompagné K.T. Robbins, de retour en France pour la première fois à l’occasion des commémorations du Débarquement. Et nous avons assisté à leurs retrouvailles émouvantes. Soixante-quinze ans après leur séparation, assis tout près l’un de l’autre, ils se parlent à nouveau d’amour, comme s’ils n’avaient jamais été séparés.
Je t’ai toujours aimée, toujours, tu n’as jamais quitté mon cœur.
K.T. Robbins
« Il dit qu’il m’aime, j’ai compris ça, répond la nonagénaire. Moi aussi. J’ai toujours pensé à lui, en me disant peut-être qu’il va venir. » Elle se souvient encore parfaitement du jour de son départ.
Quand il est parti dans le camion, j’ai pleuré bien sûr, j’étais très triste. J’aurais aimé qu’après la guerre il ne retourne pas en Amérique.
Jeannine Ganaye
« C’est une petite histoire dans la grande histoire », réagit avec émotion l’une des cinq enfants de Jeannine Ganaye. Dans l’espoir du retour du soldat, sa mère avait appris des rudiments d’anglais dans l’après-guerre. Pourquoi K.T. Robbins est-il resté si longtemps sans écrire, sans revenir, s’interroge-t-elle encore aujourd’hui ? « J’aurais voulu qu’il vienne. » « Vous savez, quand vous vous marriez, après, vous ne pouvez plus le faire », répond son ancien prétendant.
Lorsque vient le temps de se séparer, après ces quelques heures passées ensemble, nous assistons à de longues minutes de tendresse, mêlées de larmes. « Jeannine, je t’aime ma chérie », déclare une dernière fois K.T. Robbins. Aujourd’hui tous les deux veufs, ils se sont promis à demi-mots de se revoir, eux qui ont su garder intacte cette émotion vieille de soixante-quinze ans.
Source : France TV Info
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