Discours de M. Christophe CASTANER, ministre de l’Intérieur, lors des voeux à la Gendarmerie Nationale – 09 janvier 2020

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Ministère de l’Intérieur
Allocution de M. Christophe CASTANER, ministre de l’Intérieur
Voeux à la Gendarmerie Nationale
Invalides – Paris VIIème
09 janvier 2020

Seul le prononcé fait foi

Mesdames et messieurs les parlementaires,
Mesdames et messieurs les élus,
Madame et monsieur les préfets,
Mon général, directeur général de la gendarmerie nationale,
Mesdames et messieurs les officiers généraux,
Officiers, sous-officiers, gendarmes adjoints volontaires d’active et de réserve et personnels civils de la Gendarmerie nationale,
Mesdames et messieurs,
2019. Quels souvenirs garderons-nous de cette année ?
Le souvenir d’une année difficile, éprouvante, dense.
Sur les terrains, toute la Gendarmerie a été mobilisée.
Je pense à votre présence, samedi après samedi, lors du mouvement des gilets jaunes et des violences qui ont émaillé, hélas, les cortèges.
Dans ces heures, la République a été menacée, mais vous avez été là. Là pour la défendre. Là pour la protéger. Et si la République n’a pas vacillé, elle vous le doit avec vos camarades de la police nationale.

Je pense à votre engagement exemplaire lors du G7 à Biarritz. La Gendarmerie a été à la tâche, active et vigilante, pour permettre à la France de mener à bien ce sommet, crucial.
Je pense au travail mené au quotidien, dans chaque brigade, chaque caserne, chaque direction, pour mener des enquêtes, combattre les réseaux et la cybercriminalité, assurer la sécurité de nos routes, de nos concitoyens.
Car c’est l’âme de la Gendarmerie de savoir se démultiplier. De savoir combattre toutes les
délinquances, sur tous les terrains. C’est l’âme de la Gendarmerie de s’engager sans compter pour les autres, pour les Français. L’âme de la Gendarmerie d’avoir un temps d’avance sur les délinquants, sur la criminalité.
2019 a été une année forte, aussi, parce qu’elle a marqué les 10 ans du rattachement de la
Gendarmerie nationale au ministère de l’Intérieur.
10 ans. 10 ans de travail. 10 ans d’affaires résolues. 10 ans de liens, de plus en plus étroits, qui se sont noués avec ce ministère, avec la Police, sans que jamais la Gendarmerie ne renonce à son identité.
Aujourd’hui, je n’imagine pas le ministère de l’Intérieur sans vous. Comme je ne peux pas imaginer la sécurité des Français sans la Gendarmerie nationale.
Enfin, 2019 a été une année particulière pour la Gendarmerie car elle a été l’occasion de voir à sa tête un nouveau directeur général.
Général Christian Rodriguez, vous avez sous votre autorité 130 000 femmes et des hommes, volontaires, prêts, engagés.
Vous avez avec vous, l’expérience des anciens et l’enthousiasme des jeunes, tout juste sortis d’école.
Vous avez la connaissance fine des territoires de la Gendarmerie départementale, l’expertise du maintien de l’ordre de la Gendarmerie mobile, le savoir-faire et l’ingéniosité des services spécialisés.
Vous avez des femmes et des hommes au reflet de la France, de ses aspirations, de ses parcours. Vous avez avec vous les soldats de la loi, prêts à servir la République.
Mon général, vous avez une page de l’histoire de la Gendarmerie à écrire. Et, avec Laurent Nuñez, nous avons toute confiance en vous pour mener les réformes nécessaires et réussir les transformations indispensables pour la sécurité des Français et pour l’avenir de la Gendarmerie.
Je vous ai fait part d’une feuille de route. Elle est dense, ambitieuse. Mais je compte sur vous pour l’appliquer. Je compte sur vous pour la faire vivre, pour innover et pour relever les défis de 2020 et des prochaines années.
Le premier de ces défis, évidemment, c’est être au rendez-vous de la sécurité des Français.
Le terrorisme est toujours une menace aussi puissante. Il peut frapper partout, à tout moment. Il sévit sur notre territoire, comme il continue à tenter de tisser ces toiles loin de nos frontières. La Gendarmerie le sait bien, alors que des gendarmes servent, chaque jour, sur les théâtres d’opérations extérieures au Levant et au Sahel.
Nous avons besoin de votre vigilance, de votre engagement. Votre rôle est déterminant pour collecter des renseignements au coeur des territoires. Il nécessite une pleine coopération avec la DGSI, le RT, avec tous les services de renseignement pour cartographier avec précision la menace et repérer au plus tôt les signaux faibles.
Vous devez être en première ligne, aussi, pour lutter contre le communautarisme. Il n’est pas l’apanage des grands centres urbains. Non. Le repli communautaire et la haine de la République se dissimulent partout. Il y a quelques semaines, j’ai réuni les préfets et je leur ai demandé de mener une action résolue à ce sujet. Je leur ai transmis une circulaire à ce sujet.
J’attends de vous une implication totale sur le sujet. Je vous demande la plus extrême vigilance et de ne pas hésiter à faire usage de tous les outils que vous offrent la loi.
Ensuite, 2020 sera une année où notre lutte contre les stupéfiants va franchir une nouvelle étape.

La création de l’OFAST va permettre plus de partenariat, plus d’échange d’information, plus de coordination entre les services pour combattre les trafics. C’est un nouveau modèle avec une place redéfinie pour chacun qui sera mis en oeuvre.
La Gendarmerie nationale fait pleinement partie de ce nouvel office tout comme elle est à l’avant dans la lutte contre les drogues dans les territoires. Je vous demande donc de continuer ce combat, inlassablement : il en va du destin de milliers de familles. Il en va de la santé de dizaine de milliers de Français.
Je souhaite aussi que l’année qui s’annonce soit celle d’une lutte plus résolue encore contre les violences.
Qu’elles soient gratuites, racistes, sexistes. Qu’elles visent une religion, un genre ou une orientation sexuelle. Qu’elles visent un conjoint : aucune violence n’est tolérable dans notre pays.
Vous devez donc veiller à ce que chaque plainte soit enregistrée, que chaque victime prise très au sérieux. Vous devez assurer un suivi scrupuleux des enquêtes et permettre aux victimes d’être protégées. Je pense notamment aux violences conjugales, sexuelles et sexistes et j’y serai personnellement très vigilant.
Je veux également une lutte sans merci contre la haine. Chaque acte haineux est une entorse et nous ne pouvons pas la tolérer. Je connais votre implication, notamment en Alsace, face aux atteintes antisémites nombreuses de ces derniers mois. Je pense en particulier aux cimetières profanés, comme celui de Westhoffen le mois dernier. Vous devez continuer les enquêtes, continuer le travail, retrouver les auteurs. Nous devons aussi, collectivement, aller plus loin dans notre combat, c’est pourquoi j’ai annoncé le mois dernier la création d’une structure spécialement dédiée à la lutte contre les crimes de haine.
Mais quand je parle de violences et d’intimidations, je pense aussi à celles qui visent, trop
nombreuses nos éleveurs et nos agriculteurs. J’étais encore il y a quelques semaines dans le Finistère dans un élevage touché par une intrusion de militants animalistes et antispécistes. Personne n’a le droit de faire la loi à la place des forces de l’ordre. Je vous demande d’utiliser le lien spécial qui vous unit au monde rural pour lutter avec détermination contre ce phénomène. Je vous demande de donner toute sa force au dispositif DEMETER que vous avez mis en place.

Parmi les défis devant nous, je pense aussi, bien sûr, à celui du maintien de l’ordre. 2019 en a montré les mutations et notre capacité à nous adapter rapidement. Le schéma national du maintien de l’ordre qui sera établi cette année permettra de finir ce mouvement et de nous doter des outils et des méthodes les plus adaptées.
Je souhaite que la Gendarmerie reste particulièrement vigilante en matière de lutte contre
l’immigration irrégulière. Que ce soit sur le territoire métropolitain ou en outre-mer, votre action est décisive et notre droit doit être appliqué.
Je veux que vous restiez, et cela n’a rien de secondaire, aux avant-postes de notre lutte pour la sécurité routière et que, dans le même temps, vous amplifiez votre mutation vers la prise en compte de la sécurité des mobilités, conception modernisée de la sécurité des flux de personnes et de marchandises sur les territoires.
La Gendarmerie est la force qui voit au loin, qui anticipe et cherche toujours à comprendre les délinquances de l’avenir. Cela doit perdurer.
La cybercriminalité est un enjeu incontournable. Elle fait rage sur internet et abuse trop de nos concitoyens. Je compte sur vous. Je compte sur le réseau Cybergend, pour continuer à traquer les cyber-délinquants et se placer à la pointe de l’innovation.
Mesdames et messieurs,
Ces défis, vous les connaissez. Certains sont anciens, d’autres émergent : tous sont essentiels pour la sécurité des Français.
Il faut donc être en mesure de les aborder et nous organiser pour les relever. Le livre blanc de la sécurité intérieure sera l’occasion de le faire dans les semaines qui viennent.
Le livre blanc, c’est un diagnostic précis et une vision pour les prochaines années. C’est l’opportunité de faire entrer pleinement notre sécurité au XXIe siècle.
Nous avons articulé notre réflexion autour de quatre grands thèmes : notre organisation, notre politique RH, l’innovation et le continuum de sécurité. La Gendarmerie y est pleinement associée, active et indispensable.

Mais nos travaux sur le Livre blanc ne doivent pas se limiter aux frontières du ministère de l’Intérieur.
Samedi, j’ouvrirai une conférence des citoyens pour réfléchir au lien entre nos forces de l’ordre et les populations. Et dans les semaines qui viennent, dans chaque département, vont se tenir des assises territoriales de la sécurité intérieure qui réuniront tous les acteurs de la sécurité dans les territoires :
les forces de l’ordre, mais aussi les élus, les associations ou encore les acteurs sociaux.
Et puisque je parle d’aller vers les Français, cette année doit permettre à la police de sécurité du quotidien de continuer à se déployer. Il vous faut cultiver la connaissance du terrain, cultiver le lien qui vous unit avec les Français. Vous devez mettre en place des outils nouveaux, aussi, et réussir le déploiement des 4 quartiers de reconquête républicaine installés en zone Gendarmerie.
Je suis conscient du travail et de l’implication que je vous demande. Et c’est pourquoi le
Gouvernement vous donne des moyens à la hauteur de nos ambitions.
Le budget 2020 prévoit des mesures indemnitaires fortes pour la Gendarmerie avec une hausse de solde de 100€ par mois pour chaque sous-officier, dont la dernière tranche a été accordée en janvier 2020.
Il prévoit de continuer la montée en puissance des effectifs, avec 500 postes qui seront créés cette année.
Il vous donne aussi des moyens supplémentaires pour exercer vos missions dans les meilleures conditions. Notre plan immobilier va continuer à se déployer. 15 millions d’euros vont être alloués aux travaux de sécurisation des casernes domaniales. Et le renouvellement de votre parc automobile va continuer.
Ces investissements sont nécessaires pour vos conditions d’engagement, pour vos conditions de vie, pour celles de vos familles.
Et je n’oublie pas en ce début d’année 2020 les interrogations concernant la réforme des retraites.
Le système universel de retraite est une promesse d’Emmanuel Macron quand il était encore candidat et c’est une promesse que nous mettons en oeuvre aujourd’hui. Ce projet est nécessaire pour notre pays, juste pour les Français et protecteur pour ceux qui sont à la retraite, ceux qui travaillent et pour les jeunes générations.

Avec Laurent Nuñez, nous avons pris des engagements devant vous. Nous les tenons. La dangerosité des missions que vous exercez pour la sécurité des Français sera reconnue dans le futur système universel de retraites.
Mesdames et messieurs,
Notre pays se réforme. Il se modernise. Il change. Il est nécessaire que la Gendarmerie nationale suive ce mouvement et c’est l’objectif de la feuille de route que j’ai adressée au Directeur général et qui doit commencer à se mettre en oeuvre cette année.
Je vous demande donc de chercher à mieux protéger, pour répondre parfaitement aux attentes de la population. La Gendarmerie est l’oreille de l’Etat dans les territoires. Elle en sent le pouls et elle y est partout, le visage accessible de l’autorité.
Nous ne devons jamais perdre cette proximité de vue et c’est pourquoi je vous demande de moderniser encore votre action territoriale et à réfléchir à des nouveaux modèles de brigades. Je vous demande de réfléchir aux liens avec les collectivités, pour les renforcer. Je vous demande de continuer à développer nos outils numériques. Je vous demande également de continuer à nouer des liens de confiance et de travail commun avec la police nationale.
La Gendarmerie doit être au rendez-vous, aussi, de toutes les actions stratégiques du ministère de l’Intérieur.
Je pense à la sécurité, évidemment. Mais je pense aussi aux efforts communs que nous menons pour plus d’efficacité, plus de travail en commun entre les services. La mise en place de la direction du numérique ou encore du Service de l’achat, de l’innovation et de la logistique du ministère de l’Intérieur doivent être des opportunités pour mieux travailler et offrir un service de meilleure qualité aux agents du ministère comme aux Français. Je vous demande d’en être des acteurs plein et entiers.
Mais je n’oublie pas, je n’oublie jamais, que la Gendarmerie nationale, ce sont avant tout des femmes et des hommes. Ce sont avant tout des familles. Ce sont avant tout des personnes qui choisissent de défendre et de protéger.

Au moment de dire ces mots, j’ai une pensée, bien sûr, pour toutes celles et tous ceux qui sont tombés, ou souffrent dans leur chair et dans leur esprit, pour avoir défendu les autres, pour avoir servi la République et les Français.
Collectivement, nous devons être à la hauteur de leur engagement. Un chef doit savoir décider,inspirer. Il doit savoir être à l’écoute, aussi. Etre attentif, présent, vigilant. Je vous demande, à chaque strate de commandement, d’appliquer ces préceptes.
Je pense à cette question grave, préoccupante, du suicide et aux mesures que j’ai annoncées cette année pour mieux prendre en compte les risques et mieux prévenir les drames.
Je pense à la gestion des carrières, des mutations et à notre politique RH que nous devons améliorer.
Je suis ministre de l’Intérieur. Cela veut dire ministre de l’humain – je ne l’oublierai jamais.
Mesdames et messieurs,
2020 vit ses premières heures.
Partout dans notre pays, les Français nous attendent. Ils vous attendent.
Ils demandent protection et sécurité. Ils demandent de la proximité et aussi de la modernité. Ils vous demandent.
La Gendarmerie est une arme d’avenir. C’est le courage et la valeur. C’est une part de notre République.
Avec Laurent Nuñez, nous comptons sur vous.
Et c’est en confiance, déterminé face aux défis, que je vous souhaite, à tous une belle année 2020.
Vive la République !
Vive la France !

Service de presse de M. Christophe CASTANER, ministre de l’Intérieur
01 49 27 38 53 –

se************@in*******.fr











Source : Discours de M. Christophe CASTANER ministre de l’Intérieur – Voeux à la gendarmerie nationale – 09 01 20

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