1ER OCTOBRE 2024 : L’IRAN RÉPOND À ISRAËL SANS TUER DE CIVILS !

Par Jocelyne Chassard

Dans la nuit du 1er au 2 octobre 2024, vers 20 heures, le Corps des Gardiens de la Révolution Islamique d’Iran (CGRI) a lancé environ 200 missiles balistiques de longue portée contre des bases militaires et des sites de renseignement en Israël. C’était une réponse calibrée aux assassinats commis par Israël de plusieurs chefs de la résistance ; Ismaël Haniyeh (tué à Téhéran le 30 juillet 2024), Seyed Hasan Nasralá du Hezbollah (tué le 28 septembre 2024 à Beyrouth) et Abás Nilforushan, un haut commandant du CGRI.

Cette opération, baptisée « La Vraie promesse II », est la réalisation de ce que les autorités iraniennes avaient promis juste après l’assassinat de Ismaël Haniyeh, l’un des chefs du mouvement Hamas qui était l’invité de l’Iran : qu’Israël le fasse assassiner à Téhéran était une violation de la souveraineté de la République islamique, tout comme les attaques du régime sioniste au Liban depuis septembre 2024. L’Iran avait déjà lancé une riposte calibrée et mesurée contre Israël le 13 avril 2024, après la destruction de son consulat à Damas en Syrie, qui avait tué une douzaine de personnes dont des Gardiens de la Révolution.

Il est remarquable, et cela montre à quel point l’Iran agit avec prudence et humanité, qu’aucune victime civile n’est à déplorer…

Le ministre iranien de la Défense, le général Aziz Nasirzade,a souligné que l’opération était conforme au Droit international et à la Charte des Nations-Unies puisqu’il s’agissait de dissuader Israël de continuer ses provocations. Le ministre a confirmé que les cibles des missiles ont été atteintes à 90% : bien sûr, le régime sioniste et son parrain les États-Unis ont tout de suite prétendu que le Dôme de fer avait été efficace pour intercepter presque tous les missiles.Mais les sirènes d’attaque aérienne ont résonné à Tel Aviv et d’autres grandes villes israéliennes et des millions de personnes se sont ruées dans les abris antiaériens. Près du siège de Mossad, le centre du renseignement israélien, on a pu filmer un cratère de 9 mètres de profondeur et 15 m. de large.

Dans de nombreuses villes d’Iran, la population est descendue manifester sa joie dans les rues : la frustration était devenue énorme devant l’attentisme des autorités depuis l’assassinat de Ismaël Haniyeh fin juillet et surtout depuis les attaques barbares contre la population civile du Liban en septembre. La foule brandissait des drapeaux de l’Iran, de la Palestine, du Hezbollah : pour le peuple iranien, cette opération punitive contre l’agresseur sioniste est une manière de montrer que le pays pourra se défendre et continuer d’aider la résistance palestinienne.

Sur le canal HispanTV, différents analystes se sont succédé dans la soirée pour commenter cette attaque de l’Iran par missiles balistiques. L’un d’eux est Daniel Lobato, un journaliste indépendant et militant anti-colonialiste qui se trouvait à Madrid. Notre amie Jocelyne Chassard a traduit ses propos dans la vidéo ci-dessous :

« Nous sommes dans le dernier chapitre d’une longue guerre de décolonisation en Asie occidentale, spécifiquement dans le territoire palestinien mais cela affecte toute la région de l’Asie occidentale et du nord de l’Afrique. Le territoire palestinien évidemment parce que c’est là que les envahisseurs occidentaux ont érigé la forteresse israélienne et autour de cette forteresse une muraille de régimes arabes.

Et donc, nous sommes dans le dernier chapitre de cette lutte de décolonisation des peuples de la région, où il y a eu par le passé différents acteurs et protagonistes : le peuple palestinien bien sûr, avec comme alliés l’Égypte, la Syrie et autres. Certains acteurs ont disparu et d’autres sont apparus comme les mouvements Hezbollah au Liban et Ansarola au Yémen et surtout, depuis 40 ans, la république islamique d’Iran. Dans cette succession de générations de guerres pour décoloniser l’Asie occidentale et en particulier démolir la forteresse israélienne, aujourd’hui nous avons fait un grand pas pour atteindre cet objectif.

Une étape avait déjà été franchie le 13 avril 2024, quand l’Iran avait répliqué à l’attentat terroriste d’Israël contre le consulat iranien à Damas : le régime israélien n’a pas su comprendre l’importance du fait qu’on a pu voir une poignée de missiles balistiques qui survolaient la mosquée d’Al-Aqsa au-dessus de Jérusalem dans une nuit pleine d’étoiles, une photo qui est devenue iconique. Israël n’a pas compris que l’important n’était pas qu’il y ait eu seulement une poignée de missiles volant au-dessus de Jérusalem, l’important n’était pas le nombre mais la qualité : une poignée pouvait devenir une centaine ou demain des milliers.

Par conséquent l’écroulement de la forteresse Israël ne fait aucun doute : ce sont les colons qui vont accélérer sa décomposition, par leur panique et leur frayeur. Bien sûr, il y a la lutte des peuples natifs de la région – les Palestiniens, les Iraniens, les Libanais – mais au final ce sont les colons qui causeront l’écroulement de leur colonie parce qu’ils vont quitter le navire.

Donc on assiste à une évolution rapide de l’histoire, qui souvent donne l’impression qu’il ne se passe rien pendant des décennies et pourtant l’Histoire s’accélère en temps réel et je crois que le monde entier sent cette accélération. Rappelons-nous la chute de l’espace soviétique : il paraissait inamovible et en à peine 2-3 ans toutes les pièces se sont détachées. On est dans le même cas de figure et en 2-3 ans le régime israélien va s’effondrer.

C’est intéressant de voir comment réagissent les autres acteurs, notamment celui qui soutient la colonne vertébrale de la colonie et qui la protège, c’est-à-dire les États-Unis. Les USA offrent à Israël des centaines de milliers de tonnes de bombes pour essayer de réussir le nettoyage ethnique, l’extermination, le génocide des Palestiniens à l’intérieur du territoire colonisé de la Palestine. Les États-Unis, comme les forces du régime israélien, tentent de minimiser, de ridiculiser les missiles iraniens, comme ils l’avaient déjà fait en avril 2024, en disant qu’ils ont été inefficaces ou quasiment inefficaces, et d’un autre côté les médias de la colonie israélienne sont en panique.

Et c’est normal, ils ont raison d’être en panique, parce que ce qu’ils n’ont pas compris le 13 avril dernier à cause du petit nombre de missiles que l’Iran a lancés – et le petit nombre était délibéré – , aujourd’hui ils en voient des centaines et demain ils pourraient en voir des milliers. Ce qui est important c’est que les colons sont terrorisés : ils ont saturé les aéroports pour partir demain en direction de New York ou de l’Europe ou ailleurs sur la planète. Et par ailleurs le parrain de la colonie leur dit que, tout en minimisant l’impact des missiles, les USA ne vont pas entrer dans une guerre régionale totale pour sauver cette colonie. Ils auraient beaucoup trop à perdre en se laissant entraîner dans une guerre totale pour défendre leur colonie : leurs bases militaires sont fragiles, elles sont à portée des missiles de l’Iran, et leur flotte navale, leurs porte-avions ne sont rien d’autre qu’un symbole en face de la chute imminente du dollar, qui va couler comme un porte-avions dans la mer Rouge. Par conséquent les USA peuvent seulement essayer de limiter les dégâts.

Oui, je pense qu’on peut dire que c’est le chapitre final de cette colonisation tardive par l’implantation de colons et l’appropriation des terres, comme la colonisation espagnole l’a fait en Amérique. Il y a eu la décolonisation de l’Amérique latine, les Anglo-Saxons ont fait pareil en Amérique du Nord avec la décolonisation des États-Unis et du Canada, et aussi en Australie. Et donc ici c’est un peu le même processus de décolonisation qu’en Afrique, en Asie, en Amérique latine, et toute la région va vivre une catharsis. Parce que la colonisation israélienne a rassemblé les techniques apprises pendant les 1500 ans de la colonisation des Occidentaux dans diverses parties du monde, elle a utilisé des moyens sadiques, des moyens sophistiqués, comme la muraille de des pays arabes qui protègent la colonie et des moyens technologiques comme la cybertattaque des bipeurs au Liban il y a quelques jours ou comme dans le génocide à Gaza, avec des armes qu’on n’avait même pas vues dans la seconde guerre mondiale, des techniques de surveillance de masse, etc.

Quand je parlais de  »catharsis » dans la région, je vois un certain parallèle avec ce qui s’est produit en Afrique du Sud : le régime d’apartheid en Afrique du Sud était aussi protégée par une muraille d’états, qui étaient plus faibles, comme la Namibie (un territoire qui avait été envahi et colonisés par l’Afrique du Sud), l’Angola et le Mozambique, colonisés par le Portugal, la Rhodésie, un autre régime d’apartheid. 40 ans plus tard, il ne reste plus rien de cette muraille de protection. L’Afrique du Sud a atteint un certain niveau d’égalité, qu’il faudra bien sûr améliorer dans le futur avec la minorité des Blancs, l’oligarchie blanche qui détient encore beaucoup de ressources, mais tout le reste a disparu.

Et il faut espérer que la même chose se passe en Asie occidentale dans les prochaines années, que certains éléments de cette muraille tombent avec la forteresse d’Israël. Pas tous les éléments, car l’Arabie séoudite et les Émirats risquent de rester, ils ont beaucoup d’argent, beaucoup de ressources et leur population est très contrôlée et même  »achetée » si on peut dire. Mais bien sûr l’Égypte, a Jordanie vont tomber et d’autres régimes ensuite. Le Liban aussi va aussi probablement subir un certain processus de décolonisation dans ses structures politiques que la France lui a imposées il y a cent ans et il deviendra un nouveau Liban, sans sectarisme mais avec une diversité de voies politiques.

Je crois qu’on va assister à une révolution en Asie occidentale et peut-être en Afrique du Nord dans les prochaines années, qui va dépendre de la chute de la colonie israélienne. Une grande partie des colons ne supportera pas que les Palestiniens indigènes obtiennent l’égalité des droits sur tout le territoire des trois morceaux qui composent la Palestine : le morceau appelé Israël, le morceau de la Cisjordanie et le morceau appelé Gaza. Quand les trois territoires de Palestine seront à égalité, beaucoup de colons partiront car ce sera intolérable. Et ceux qui voudront rester vivront à égalité de droits avec les natifs palestiniens. Bien sûr il y aura un processus de décolonisation de la propriété des terres, des moyens de production, des industries mais ce sera une catharsis pour la Palestine et aussi pour toute la région. »

Sources :

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