« A l’automne, nous aurons la capacité en nombre de doses pour vacciner les 12-17 ans », avait également assuré la ministre, précisant pour l’instant que cette décision de vacciner les adolescents n’était pas encore prise. « Je ne suis pas médecin, a-t-elle ajouté, mais intuitivement, tout ce qui peut être mis en œuvre pour freiner durablement la circulation du virus doit être regardé ». Avant de préciser : « Les experts trancheront. »
« A l’automne, nous aurons la capacité en nombre de doses pour vacciner les 12-17 ans », avait également assuré la ministre, précisant pour l’instant que cette décision de vacciner les adolescents n’était pas encore prise. « Je ne suis pas médecin, a-t-elle ajouté, mais intuitivement, tout ce qui peut être mis en œuvre pour freiner durablement la circulation du virus doit être regardé ». Avant de préciser : « Les experts trancheront. »
Source : Le Parisien
2 milliards de doses pour 67 millions de moutons, cela fait 29 doses par mouton.
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– Marianne – Au Sénégal, un traitement avec de l’hydroxychloroquine : « On ne suit pas aveuglément l’OMS »
Alors que l’OMS a déconseillé l’hydroxychloroquine comme traitement préventif de la maladie liée au Covid-19, le chef du service des maladies infectieuses de l’Hôpital de Fann à Dakar n’a jamais cessé de l’utiliser, en association avec une autre molécule : l’azithromycine. Pour « Marianne », le chercheur dévoile les premiers résultats de son étude rétrospective.
En France, l’hydroxychloroquine (*) a été comme éclipsée depuis l’avis défavorable de l’OMS en octobre dernier pour son utilisation comme traitement pour les malades atteints du Covid-19. Malgré la mauvaise presse internationale, le Sénégal poursuit son traitement à base d’hydroxychloroquine, associé à une autre molécule : l’azithromycine. Une utilisation sans discontinuer depuis le 19 mars 2020 qui a permis au docteur Moussa Seydi, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann à Dakar et professeur titulaire de la chaire d’infectiologie de l’université Cheikh Anta Diop, d’établir plusieurs analyses sur son efficacité au fil des mois.
Tout comme la dernière étude de l’OMS parue en octobre dernier, Moussa Seydi est arrivé à la conclusion que l’utilisation de l’hydroxychloroquine seule ne permettait pas d’avoir des effets sur l’état des malades. Au terme d’une étude menée sur près de 1 000 patients, l’infectiologue sénégalais assure néanmoins que l’association des deux molécules, azithromycine et hydroxychloroquine, est bénéfique pour soigner les malades dans un état peu sévère. Son étude, menée en étroite collaboration avec l’Institut Pasteur de Dakar et son directeur, le Dr Amadou Alpha Sall, vient d’être soumise pour une publication dans une revue scientifique.
Jusqu’ici, le Sénégal enregistre officiellement 39 664 contaminations et 1 087 décès depuis le début de la pandémie. Inspiré par les travaux de l’infectiologue marseillais, Didier Raoult, le docteur Moussa Seydi est devenu une référence en matière de lutte contre le coronavirus dans son pays. Entretien.
Marianne : Quelle est la situation épidémique au Sénégal ? L’état des hôpitaux ?
Moussa Seydi : On observe une baisse constante du nombre de nouveaux cas, du nombre cas graves ainsi que des décès. À l’hôpital Fann, où nous recevons le plus grand nombre de cas sévères, seule la moitié des lits réservés au Covid sont occupés.
Comment l’expliquer ?
C’est multifactoriel. D’après moi il y a des facteurs que l’on peut qualifier de certains, d’autres de probables et d’autres encore qui restent inconnus. D’abord, il est certain que le confinement, même s’il n’est pas très strict au Sénégal, ainsi que le début de la vaccination ont contribué à cette baisse. Nous avons vacciné en priorité les sujets les plus à risque, les personnes âgées et les personnes avec des comorbidités. Plus de 60 % des cas sont recensés à Dakar et à Thiès et c’est là où l’on vaccine. Aussi, probablement, que le facteur climatique joue dans cette baisse. Avec le froid qui s’en va et on constate que le nombre de cas diminue. Mais rien n’est sûr quant à cette théorie. C’est simplement une possibilité, peut-être conjuguée à autre chose. Pour les facteurs inconnus, on sait que toutes les épidémies suivent une évolution, que l’on fasse quelque chose ou pas.
Il y a un an, vous disiez auprès de Marianne observer de bons résultats avec la mise en place d’un traitement à l’hydroxychloroquine associé à l’azithromycine, inspiré de celui du Pr Raoult. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Nous continuons de l’utiliser. Depuis, et nous avons fait plusieurs analyses intermédiaires qui nous permettent de dire que ce traitement est bénéfique. La dernière que nous avons faite a porté sur pratiquement 1 000 patients. 926 pour être exacte. Dans ce contexte international où les avis et les résultats sur cette association divergent, il est très important pour nous de réaliser ces analyses intermédiaires par rapport à nos m��thodes.
Je précise que nous avons choisi d’évaluer le statut clinique des patients au 15e jour, c’est-à-dire après deux semaines d’hospitalisation. Nous avons ensuite comparé le statut clinique des patients qui ont pris l’association hydroxychloroquine/azithromycine et les patients qui n’ont pas pris ce traitement. Nous avons constaté une proportion plus importante de patients qui sont sortis, soit guéris, parmi les patients qui ont pris le traitement.
« C’était une urgence, une question de santé publique. On ne pouvait pas rester sans rien faire. »
Nous avons fait ce que l’on appelle une analyse multivariée. Elle est préférable à l’analyse univariée. Je m’explique : si vous faites une analyse univariée en comparant des patients qui ont pris et d’autres qui n’ont pas pris le traitement, il se peut que les patients qui ont pris soient les moins sévèrement touchés. Or, on sait que le traitement fonctionne moins bien, voire pas, chez les patients gravement atteints. Selon comment vous tournez votre étude, vous pouvez dire que le traitement fonctionne très bien (si vous donnez l’association des deux molécules à des patients peu touchés). Ou bien, vous pouvez dire que ça ne marche pas du tout (si vous le donnez à des patients trop sévèrement atteints).
C’est pourquoi, pour éviter ce biais, nous avons choisi l’analyse multivariée qui fait que nous avons dans notre cohorte autant de malades sévères et moins sévères mais aussi des personnes non malades. À travers cette analyse multivariée, le résultat reste constant : l’association de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine pour soigner est bénéfique.
Pouvez-vous rappeler ce qu’est le traitement à l’hydroxychloroquine ? Et pourquoi l’avez-vous choisi au départ ?
C’est un traitement utilisé contre le paludisme, mais en réalité c’est aussi une molécule qui a une bonne action dans le cadre d’autres pathologies chroniques comme le lupus. Je tiens par ailleurs à préciser que nous n’avons pas inventé ce traitement. Il est basé sur celui du professeur Didier Raoult. La seule chose que j’ai modifiée dans le traitement est la manière de donner l’azithromycine aux patients.
J’ai choisi au départ, en mars 2020, d’utiliser cette combinaison thérapeutique après lecture d’articles scientifiques sur l’effet de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine ainsi qu’après avoir étudié les analyses préliminaires du Professeur Raoult. Par ailleurs, ces molécules étaient connues en Afrique, pas très coûteuses et accessibles rapidement. C’était une urgence, une question de santé publique. On ne pouvait pas rester sans rien faire. Dès les premières études, nous avons remarqué que l’azithromycine associée à l’hydroxychloroquine faisait mieux que l’absence de traitement ou que l’hydroxychloroquine seule.
Vous savez, certains pays utilisent l’ivermectine (notamment en France, N.D.L.R.). Aux États-Unis, ils utilisent le Remdesivir. Mais aucun de ces traitements n’est actuellement validé par l’OMS. Chaque pays doit prendre ses propres décisions en attendant qu’un processus plus fluide et vérifié soit trouvé de façon plus globale.
En octobre dernier, l’OMS indiquait que le traitement à l’hydroxychloroquine apparaît comme « avoir peu ou pas d’effet sur les patients hospitalisés, que ce soit en termes de mortalité, de mise sous respirateur ou de durée d’hospitalisation ». L’institution va même jusqu’à déconseiller son utilisation. Une conclusion livrée au terme de six essais contrôlés et randomisés réunissant près de 6 000 participants. N’avez-vous pas l’impression d’être à contre-courant ?
L’OMS est une institution prestigieuse et respectable. Je ne fais pas partie de ceux qui lui jettent la pierre. Il se trouve que je suis un scientifique, et le scientifique n’a pas d’états d’âme. Il se base sur des faits et prend ses responsabilités. En faisant mon travail je trouve des résultats éloquents et ils comptent davantage que les recommandations de l’OMS.
« Je ne connais pas personnellement Didier Raoult. Mais je sais que c’est un grand scientifique. »
Par ailleurs, je voudrais préciser que je ne suis pas en contradiction avec l’OMS. Parce que dans son étude, l’OMS n’a étudié que la prise de l’hydroxychloroquine à une posologie inférieure (dosage et fréquence de prise d’un médicament) à celle que j’utilise. De plus, nous parlons de l’efficacité de l’association azithromycine/hydroxychloroquine, ce que l’OMS n’a jamais étudié. Moi-même, dans mes analyses rétrospectives, je dis que l’utilisation de l’hydroxychloroquine seule, je ne l’ai pas trouvé efficace.
Je crois que nous devons appréhender ce que dit l’OMS avec beaucoup de lucidité. Les scientifiques de l’OMS méritent qu’on leur fasse confiance mais on ne doit pas les suivre aveuglément. Il est arrivé qu’elle revienne sur des recommandations.
Observez-vous des effets secondaires cardiaques significativement plus fréquents chez les personnes ayant reçu le traitement ? C’est notamment ce que dit une analyse portant sur plus de 50 ans de données de la base de pharmacovigilance de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), menée par des chercheurs français et américains.
On a constaté des effets secondaires, mais bénins, qui ont tous disparu sans qu’il y ait de traitement supplémentaire, notamment des diarrhées.
Je tiens tout de même à préciser que nous avons commencé une étude dans laquelle nous faisons un électrocardiogramme très poussé par rapport à ce que l’on fait actuellement. Cela va nous permettre d’insister sur les effets cardiovasculaires de cette association. On a eu à constater quelques cas de troubles du rythme cardiaque, qui ont cessé sans traitement, ainsi que quelques cas de palpitations cardiaques. Globalement le traitement est bien supporté.
Début avril, Didier Raoult était en visite au Sénégal, où le président Macky Sall lui a remis la haute distinction de « la dignité de commandeur dans l’ordre national du Lion ». Comment avez-vous accueilli cette visite ?
Je ne connais pas personnellement Didier Raoult. Mais je sais que c’est un grand scientifique, un grand infectiologue. Il a énormément apporté à l’infectiologie et au Sénégal. Nous n’avons pas pu nous rencontrer lorsqu’il est venu, par un concours de circonstances. Il mérite absolument la distinction que le chef de l’État lui a accordée. J’en suis très content.
Comment expliquer que l’utilisation de l’hydroxychloroquine soit moins controversée au Sénégal ? Et plus largement en Afrique puisque le Maroc, l’Algérie ou encore la Côte d’Ivoire l’utilisent toujours.
Je n’ai pas d’explications. Seulement au Sénégal, il y a deux choses à dire. La première du côté politique. Nous, scientifiques, ne sommes pas soumis à l’influence du politique. Le président nous donne entière liberté. Il nous écoute respectueusement et prend en considération ce que l’on dit.
« Si le monde entier trouve un résultat et que moi je trouve autre chose et que c’est convaincant, je ne vais pas arrêter pour autant. »
Vous pensez qu’il s’agit de l’inverse en France et plus largement en Occident ?
Je ne sais pas. Je parle de ce que je connais au Sénégal. Je ne peux pas commenter dans les autres pays car je ne connais pas leur réalité. Ce que je peux témoigner ici, c’est qu’au Sénégal, nous n’avons pas d’état d’âme par rapport aux résultats des études. Si le monde entier trouve un résultat et que moi je trouve autre chose et que c’est convaincant, je ne vais pas arrêter pour autant. Si demain, les études que l’on mène disent que cette association n’est pas efficace, alors on arrêtera. Autre fait, cette molécule est largement utilisée au Sénégal, les gens se posent donc moins de questions.
Plus récemment en France, un traitement à base d’Ivermectine (un antiparasitaire) connaît un regain d’intérêt. Qu’en pensez-vous ? L’utilisez-vous ?
Non, parce que malheureusement on n’a pas pu débuter d’étude par rapport à ce traitement. Mais on travaille avec des collègues français pour commencer des travaux justement. La prise de ce traitement est encore plus simple que l’association azithromycine/hydroxychloroquine. Ce serait idéal si cela marche puisque ce serait accessible au plus grand nombre. Mais je ne veux pas trop m’avancer car je ne travaille pas encore sur son efficacité. En outre, il faut souligner que la molécule n’est pas non plus reconnue par l’OMS.
Le Sénégal a débuté sa campagne de vaccination mi-février, principalement avec des doses d’AstraZeneca ainsi que du sérum chinois, Sinopharm. Le pays a-t-il suffisamment accès aux vaccins d’après vous ?
Non. Nous avons un nombre de doses bien faible par rapport à la demande, même s’il est à noter que nous avons eu la chance d’avoir démarré la vaccination tôt. C’est bien sûr une question de moyens. Toutefois, je crois que la solidarité internationale seule ne pourra pas suffire pour garantir le nombre de vaccins dont on a besoin. Il est évident que nous devons mettre des moyens pour acheter des vaccins par nous-mêmes, ce que le Sénégal a commencé à faire.
* En juillet 2020, l’OMS a suivi le Comité directeur international de l’essai clinique Solidarity d’interrompre les volets d’un essai destinés à tester l’hydroxychloroquine et l’association lopinavir/ritonavir. Les résultats provisoires ont montré « que l’hydroxychloroquine et le lopinavir/ritonavir n’entraînent que peu ou pas de réduction de la mortalité des patients atteints de COVID-19 hospitalisés, par comparaison aux soins standard », écrit l’OMS dans son communiqué.
Source : Marianne
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