Suicide d’une femme gendarme: la famille veut une nouvelle enquête
Sept ans après la mort de Myriam Sakhri, ses proches se sont rassemblés ce mercredi devant le palais de justice de Lyon.
Ce mercredi devant le Palais de justice. Photo X. B.
Un rassemblement pacifique, mais des banderoles sans ambiguïté et un message clair. Sept ans après la mort du gendarme Myriam Sakhri dans son appartement de service de la caserne Delfosse de la gendarmerie, ses proches continuent de se battre pour que l’enquête, qui avait conclu au suicide pour des raisons personnelles, soit relancée.
Il n’y a pas de doute sur le harcèlement dont elle a fait l’objet. Il y a trop de zones d’ombre dans l’enquête, trop de silence de la part de la gendarmerie et de la justice
Gérard Piegay, beau-frère de Myriam Sakhri
Une centaine de personne s’est rassemblée ce mercredi après-midi devant le nouveau palais de justice. Gérard Piegay, son beau-frère, Hassina, l’une de ses sœurs, Damia, sa petite sœur de cœur, ont tour à tour pris la parole pour expliquer pourquoi ils ne croyaient pas au suicide, et pourquoi il fallait une nouvelle enquête, indépendante et impartiale, pour lever les doutes : « Il n’y a pas de doute sur le harcèlement dont elle a fait l’objet. Il y a trop de zones d’ombre dans l’enquête, trop de silence de la part de la gendarmerie et de la justice. Seule la vérité nous permettra de faire le deuil. »
Les proches espèrent récupérer les scellés
Cette vérité, la famille espère la faire éclater grâce à des éléments nouveaux susceptibles d’amener le parquet à rouvrir une instruction. Comme des témoignages de gendarmes par exemple : « Il faut faire accoucher la vérité de la part de ceux qui la connaissent. A l’époque, des gens n’ont pas eu le courage de parler, mais sept ans après, ils sont peut-être prêts », pense Me Basson-Larbi, avocat de la famille.
Les proches espèrent aussi récupérer les scellés, autrement dit les effets personnels de Myriam Sakhri, ou tout au moins avoir la certitude qu’ils n’ont pas été détruits : « s’ils sont conservés au palais, c’est aussi bien. Car ils seront utiles le jour où l’enquête reprendra » poursuit l’avocat.
Les faits
Le matin du 24 septembre 2011, le corps sans vie de Myriam Sakhri est découvert dans son logement de service, à la caserne Delfosse, siège du groupement de gendarmerie du Rhône. Selon les premiers éléments de l’enquête, cette jeune femme qui a soufflé ses 32 bougies dix jours auparavant s’est suicidée en retournant contre elle son arme de service. Un mois après, la famille porte plainte contre X sans attendre le résultat, promis dans les trois mois par le procureur de l’époque, Marc Désert, de la double enquête diligentée par l’inspection générale de la gendarmerie. L’une relative aux circonstances de la mort, l’autre concernant des faits de harcèlement moral que la gendarme avait dénoncés à sa hiérarchie.
Le contexte
Myriam Sakhri avait été affectée à la caserne Delfosse en juillet 2010, au CORG (Centre d’opération et de Renseignement de la Gendarmerie) où arrivent les appels du 17. D’origine algérienne, elle avait été choquée par des propos racistes qui auraient été tenus par certains de ses collègues. Des attitudes qu’elle avait dénoncées à sa hiérarchie. Suite à cet épisode, Myriam Sakhri aurait subi des menaces et intimidations. Placée en arrêt maladie, elle avait été mutée à son retour à la brigade d’Irigny. Ce qui ne l’empêcha pas d’être reçue le 12 septembre 2011 au concours d’officier de police judiciaire. Le 19 septembre, elle prenait contact avec le président de l’association des défense des droits des militaires pour faire part de ses souffrances, auprès duquel elle s’était déjà confiée en juillet. Le 22 septembre, Myriam Sakhri prenait contact avec un avocat en vue de déposer une plainte pour harcèlement moral. Le 24 septembre, elle est retrouvée morte.
L’enquête
Trois mois après les faits, le parquet de Lyon classe sans suite la double enquête sur les circonstances de la mort et les faits de harcèlement moral : « les deux enquêtes approfondies n’ont pas permis d’observer d’infraction » indique à l’époque le procureur. La famille de Myriam Sakhri ne croit toujours pas à la thèse du suicide pour des raisons personnelles. Elle dépose une plainte avec constitution de partie civile, mais celle-ci se solde à nouveau par un non-lieu en octobre 2013. Tout comme son recours devant la Cour de cassation deux ans après.
La victime
Myriam Sakhri était âgée de 32 ans. Originaire de Givors, elle était pompier volontaire avant d’être devenue gendarme. En 2011, elle venait de réussir le concours d’officier de police judiciaire, ce qui lui ouvrait de belles perspectives au sein de l’institution. « Elle était engagée au service des autres et ne faisait rien à moitié. Elle était attachée aux principes d’égalité. La dernière fois que nous lui avons parlé, quelques heures avant sa mort, elle n’était pas désespérée. Juste remontée et fâchée » explique son beau-frère Gérard Piegay.
Source : Le Progrès
Manifestation pour Myriam Sakhri, gendarme. Ne l’oublions pas !
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