Hauts-de-Seine : un gendarme se suicide et met en cause ses conditions de travail
Un membre de la direction générale de la gendarmerie, à Issy-les-Moulineaux dans les Hauts-de-Seine, s’est ôté la vie le 18 septembre. Deux lettres, rédigées avant sa mort et publiées dimanche par l’association Profession gendarme, indiquent qu’il travaillait sous une pression constante.
«C’est la seule solution que j’ai trouvé pour attirer l’attention sur ce qui se passe depuis deux ans dans notre formation». Un gendarme des Transports aériens, le major José Tesan, s’est suicidé le 18 septembre avec son arme de service et sur son lieu de travail à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) après avoir mis en cause sa hiérarchie dans une lettre, a annoncé une source proche de l’enquête à l’AFP. Il y décrit un chef proche du «tyran», «imbu de lui-même», «colérique» et «méprisant». Ce dernier serait l’une des raisons qui l’aurait poussé à utiliser son arme de service dans les locaux de l’état major de la gendarmerie des transports aériens, à Issy-les-Moulineaux.
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L’association Profession Gendarme, qui défend la liberté d’expression des gendarmes et cherche à améliorer leurs conditions de travail, a publié dimanche le courrier en question, avec une seconde lettre adressée à l’un des collègues du major nommé «Chris». Celle-ci se compose d’une longue liste de tâches à accomplir en son absence. «Je laisse beaucoup de choses inachevées, mais j’ai vraiment fait de mon mieux et là j’ai atteint le point de rupture», rédige le gendarme avec regret.
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«Désolé de te laisser seul, mais là je n’en peux plus, ces deux dernières années ont été les pires de ma vie de gendarme, je suis entier et bien qu’imparfait puisqu’humain (…) je n’arrive plus à supporter ce climat qui règne au boulot», explique-t-il plus loin. La suite du texte devient bien plus sombre. «Bien qu’extrême, la seule solution que j’ai trouvée pour tenter de faire bouger les choses, c’est de partir définitivement, l’emplacement que j’ai choisi est celui qui me semble le moins perturbant pour la suite et je vais faire ce que je peux pour ne pas trop salir», écrit-t-il.
Des outils de signalement ignorés
Selon la gendarmerie, le major José Tesan, âgé de 57 ans, n’a pas utilisé les dispositifs internes pour signaler son mal-être. En effet, il aurait pu en parler aux représentants du personnel ou se rendre sur la plate-forme de signalements «stop discri», créée en 2014. Cette dernière héberge le formulaire d’un plaignant ou d’un témoin et fixe ensuite un échange téléphonique. Mais, elle permet également d’ouvrir une enquête administrative ou de commandement, voir même une enquête judiciaire dans le cas où un procureur de la République compétent est sollicité.
D’après l’une des lettres, le gendarme s’était déjà plaint de la situation, mais pas dans un cadre légal. «Je ne vais pas m’étendre, je l’ai déjà fait et tout le monde sait ce que je pense», affirme-t-il par écrit. Une enquête a été lancée par l’Inspection générale de la gendarmerie nationale pour éclaircir la cause et les circonstances du suicide, rapporte le magazine L’Essor de la gendarmerie .
Le nombre de suicides chez les gendarmes en progression
En mai dernier, le ministère de l’Intérieur faisait état de 16 cas de suicides parmi les effectifs de la gendarmerie nationale, depuis le début de l’année. Un chiffre en hausse par rapport à 2017 malgré les différents dispositifs de prévention, comme l’accompagnement psychologique.
«Il est nécessaire d’amplifier les efforts afin d’améliorer la détection des personnels en difficulté dans un environnement professionnel qui expose par nature aux passages à l’acte», avait déclaré le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.
Source : Le Figaro
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