En mémoire à José Tesan, Major de la gendarmerie nationale, s’étant ôté la vie.
Il y a exactement un an, le 18 septembre 2018, le Major de la Gendarmerie José Tesan mettait fin à ses jours en laissant une lettre d’adieu.
C’est au matin du 18 septembre 2018 (heure de Californie) que je prenais connaissance du dernier et terrible message électronique que José Tesan m’avait fait parvenir :
« Bonjour Frederic J’ai été honoré de ton amitié au fil de toutes ces années Tu es parmi
ceux que j’estime le plus. A ce titre je ne pouvais pas partir sans te saluer Je te joins des photos de divers écrits dont tu sauras quoi faire si ils se perdaient…
Avec tout mon respect et toute mon amitié
José »
A ce terrible courrier électronique était jointe sa lettre d’adieu que je publie aujourd’hui encore. Dans cette lettre, le major José Tesan expliquait son geste par l’attitude de son général de brigade qui « ne respecte ni les vivant ni les morts » et qu’il qualifiait de « tyran totalement imbu de lui-même ».
Une enquête était alors ouverte par le parquet de Paris qui la confiait à un service interne à la gendarmerie : l’Inspection Générale de la Gendarmerie Nationale. Je remettais alors à ce service une partie de la correspondance privée que le Major Tesan et moi-même avions eue depuis l’arrivée du général de brigade à la direction des transports aériens. L’IGGN n’ayant pas répondu à mes demandes répétées d’audition, considérant certainement que cette correspondance ne présentait guère d’intérêt pour l’enquête en cours, je publierai demain nos échanges afin que chacun puisse se faire une opinion.
De nos conversations, je peux dire que José Tesan n’avait pas de difficultés familiales, qu’il s’agisse de son couple, de ses enfants et sa petite-fille dont il était très fier. Il ne souffrait par davantage d’une maladie incurable ou de douleurs insupportables. Il n’avait aucune dépendance à l’alcool, aux médicaments ou à toute autre drogue. Enfin, sa situation financière était tout à fait normale et aucune dette ne l’accablait. Aussi, peuvent donc être écartées les causes personnelles ou familiales pouvant conduire à un suicide.
Les seuls éléments pouvant à ce jour expliquer le geste de José Tesan sont liés à son activité professionnelle. Sa lettre d’adieu n’est sujette à aucune ambiguïté. Par ailleurs, les réunions professionnelles du lundi matin en présence de ce général de brigade étaient devenues une source d’angoisse, ainsi que l’attestent nos conversations (sur lesquelles l’IGGN n’a pas souhaité m’entendre) et les déclarations de certains de ses collègues. La tenue d’uniforme que José Tesan portait au moment de son geste terrible et le lieu qu’il avait choisi renforcent également l’hypothèse d’une raison professionnelle comme pouvant être à l’origine de son suicide.
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Un an s’est écoulé depuis ce drame terrible sans que l’on puisse dire si l’enquête est toujours en cours ou bien si elle a été close. Le général de brigade a, quant à lui, été promu au poste de directeur adjoint dans une direction financière.
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Par deux fois, je me suis déplacé en France pour solliciter le soutien de députés et sénateurs afin que soit créée une mission d’enquête parlementaire sur le problème de la dépression, du suicide et du harcèlement au sein de la fonction publique ; à ce jour, la mission parlementaire reste à l’état de projet.
J’ai également sollicité le Premier Ministre et le Ministre de l’Intérieur afin que soit constituée une mission interministérielle ayant pour objet d’analyser les forces, les faiblesses et les lacunes des dispositifs de prévention du suicide, de la dépression et du harcèlement au sein des trois fonctions publiques ; un an plus tard, et malgré des demandes répétées, l’immobilisme a prévalu à l’exception toutefois des opérations « barbecue » du Ministère de l’Intérieur.
Au jour d’aujourd’hui, 18 septembre 2019, le nombre de suicides au sein des forces de l’ordre a déjà surpassé le triste record de 2018 ; 71 policiers et gendarmes se sont donné la mort. La multiplication sans précédents de ces tragédies individuelles, familiales et professionnelles au cours de cette année 2019 n’a toutefois pas empêché le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’intérieur d’affirmer que « le moral dans la police n’a jamais été aussi bon ». A chacun d’apprécier…
Pas plus qu’il n’altère le granit, le temps qui passe n’altère ma détermination à faire toute la lumière sur les raisons qui ont conduit à l’épuisement psychique et physique, puis au suicide de José Tesan , l’un de mes meilleurs amis et ancien collaborateur judiciaire José Tesan. Aussi, j’invite, encore et toujours, toute personne détenant des informations permettant de relancer ou ré-ouvrir l’enquête à me les faire parvenir.
Je souhaite à sa famille, à ses proches et à ses collègues de retrouver une certaine sérénité.
L’action pour connaître la vérité continue.
Source : Frederic Carteron
« Jamais je n’aurais pensé finir ainsi » : La terrible lettre d’adieu d’un gendarme qui s’est suicidé
Le 19 septembre 2018, Profession-Gendarme rapportait ce drame avec la publication suivante :Hauts-de-Seine : Un gendarme s’est donné la mort sur son lieu de travail. (mis à jour du 20 sept.)
Le 23 septembre 2018 nous complétions nos informations avec la publication suivante :Suicide du Major de Gendarmerie José Tesan, victime de comportements hiérarchiques qualifiés de « tyranniques ».
Ce même jour Profession-Gendarme publiait : Suicide Gendarmerie : Lettre d’adieu du major José TESAN
Europe 1 reprenait cette information le 25 septembre : Un gendarme se suicide après avoir mis en cause sa hiérarchie
Et le Parisien publiait également : Suicide d’un gendarme : une association publie sa lettre d’adieu
Frédéric CARTERON, ancien magistrat et ami de José TESAN lançait un appel à témoin et publiait la réponse reçu du Chef de Cabinet du 1er ministre : Suicide du Major José Tesan – APPEL A TEMOINS
Madame la Députée Pascal Fontenel-Personne apporte son soutien pour faire toute la lumière sur le suicide « provoqué » du Major José Tesan : Suicide « provoqué » du Major José Tesan – NOUVEAU SOUTIEN
Le 15 octobre 2018, Frédéric Carteron Président du Comité de soutien « José Tesan », adresse une lettre ouverte à Madame Nicole BELLOUBET, MINISTRE DE LA JUSTICE : DEMANDE DE SAISINE DU JUGE D’INSTRUCTION concernant le suicide du Major José Tesan
Le COLLECTIF « MAJOR TESAN » avec le soutien de l’ASSOCIATION NATIONALE « JEAN LOUIS MEGNIEN » dépose une pétition CONTRE LE HARCELEMENT MORAL, LA DEPRESSION & LE SUICIDE en lien avec les conditions de travail : COLLECTIF « MAJOR TESAN » Avec le soutien de l’ASSOCIATION NATIONALE « JEAN LOUIS MEGNIEN »
Le 02 Novembre 2018, Christophe CASTANER, Ministre de l’Intérieur répond au Président du Comité de soutien « José Tesan » Frédéric CARTERON : Suicide du Major Tesan – Lettre du MINISTRE DE L’INTERIEUR – 2 novembre 2018
Aujourd’hui qu’en est-il de ce drame ?
Et de tous les autres… ? Rappelons que l’année 2018 aura vu le suicide de 35 Policiers, 6 Policiers municipaux, 33 Gendarmes.
En cette moitié d’année 2019 déjà 42 Policiers, 7 Policiers municipaux et 9 gendarmes se sont donné la mort.
A ce jour 19 septembre 2019 nous en sommes à : 51 Policiers + 1 tentative, 8 Policiers municipaux et 12 gendarmes….
Quel sera le bilan de l’année 2019 ???
Le 02 novembre 2018, Monsieur CASTANER, ministre de l’Intérieur nous écrivait :
La question du suicide au sein des forces de sécurité intérieure est pour moi une préoccupation majeure et je mettrai tout en œuvre pour y apporter les réponses qui sont en mon pouvoir, car je sais combien nos policiers et nos gendarmes sont exposés au stress dans leurs difficiles missions au service de nos concitoyens.
Nous attendons toujours de savoir où en est l’enquête sur le suicide du Major José TESAN et en quoi consiste le « tout en œuvre » promis par notre Ministre.
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