Brest. Des doutes sur l’agression d’une ado
Une pré-ado âgée de 11 ans agressée dans un bus, à Brest, en plein jour, devant des passagers qui ne réagissent pas. Mis en ligne sur Facebook, ce témoignage, développé dans quelques journaux, met depuis une semaine les réseaux sociaux en ébullition. Problème : il ne subsiste aucune trace du prétendu incident.
« Brest, ville de merde. Quand une gamine se fait agressé dans le bus sa serait bien de bouger les gens (…) Bibus pas fichu de bouger leur cul, les chauffeurs à part faire grève vous faites quoi dans les bus, ça me dégoûte sa ». C’est ce simple post sur la page Facebook d’une mère de famille brestoise qui a mis le feu aux poudres, le 4 janvier dernier. Dans un journal, interviewée, la mère détaille deux jours plus tard l’agression dont aurait été victime sa fille âgée de 11 ans. Elle met en cause deux jeunes ados qui seraient montées dans le bus de la ligne 1, dans le quartier de Bellevue, ce mercredi 4 janvier, « vers 17 h 50 ». Elles auraient pris sa fille pour cible. Insultes, coups… « L’une d’elles la tenait par les cheveux pendant que l’autre lui donnait des coups de poing, décrit la mère. Pendant l’agression, personne n’a bougé dans le bus (…) Pourtant ma fille a crié ».
« 15 jours d’ITT » et « une plainte »
Bilan, selon la mère : des hématomes et une blessure au poignet constatés « aux urgences », « une interruption temporaire de travail de 15 jours délivrée par un médecin ». Et « une plainte déposée au commissariat, même si je ne sais pas si ça servira à quelque chose ». L’article se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, qui s’enflamment. Des flots de commentaires, insultes et invectives, notamment repris par l’extrême droite, inondent la toile et prennent les autorités et la régie de bus brestoises pour cibles.
Aucun signalement et rien sur les vidéos
Au sein de la police, c’est la surprise. « Malgré toutes les recherches exhaustives que nous avons menées, aucune plainte n’a été retrouvée, ni même de main courante, relève-t-on au commissariat central. Nous n’avons pas identifié la mère de famille mais nous lui avons fait parvenir un message lui indiquant de prendre contact avec nous. C’était en début de semaine. Nous n’avons eu aucun retour ». La société Bibus est parvenue à entrer en contact téléphonique avec la mère de la victime présumée. « Elle a globalement maintenu sa version et nous a fourni des détails sur le lieu et l’heure qui nous ont permis d’isoler cinq bus où l’agression aurait pu se produire, rapporte la régie de bus brestoise. Nous avons interrogé les chauffeurs, qui sont très sensibilisés et formés à ces problèmes. Ils n’ont relevé aucun incident. Nous avons visionné les vidéos de ces bus et n’avons observé aucun fait de cette nature. « Aucune trace non plus du prétendu appel de la maman qui aurait demandé, le soir des faits, à regarder les vidéosurveillances et à qui on aurait répondu que les caméras « ne fonctionnaient pas ».
Post retiré
« Contrairement à ce qui a été dit, nous ne sommes saisis d’aucune plainte », tranche le parquet de Brest, qui juge le procédé « étonnant ». Mise en cause, Bibus n’exclut pas de porter plainte « pour faire toute la lumière » sur cette singulière affaire. Hier, en début d’après-midi, alors que sur les mêmes réseaux sociaux commençaient à poindre les premières interrogations et mises en doute, le post à l’origine de cette affaire disparaissait de la page Facebook de la mère en colère. La maman n’a, par ailleurs, répondu à aucune de nos multiples sollicitations. Ni au téléphone. Ni sur Facebook.
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